duelles,vercheval,Belgique, - Interview B.O : Fréderic Vercheval, DUELLES Interview B.O : Fréderic Vercheval, DUELLES

duelles,vercheval,Belgique, - Interview B.O : Fréderic Vercheval, DUELLES

Propos recueillis par Benoit Basirico

- Publié le 26-04-2019




Fréderic Vercheval retrouve Olivier Masset-Depasse 10 ans après CAGES (2008) et "J'aurais voulu être un danseur" (2005), sur ce thriller franco-belge avec Veerle Baetens et Anne Coesens (Alice et Céline) deux mères qui voient leur amitié mise en péril après l’accident d’un de leurs enfants. 

Cinezik : Pour DUELLES, vous avez écrit une partition de cordes angoissante, l'approche était-elle celle d'un thriller ?

Frédéric Vercheval : Oui clairement, c'est un thriller psychologique, qui se passe dans les années 60, donc évidemment les références Hitchcock & Herrmann étaient difficiles à éviter. Je n'ai pas essayé de les imiter, je n'y serais pas arrivé, on a essayé de trouver une couleur particulière.

Y a-t-il eu d'autres références ?

F.V : Hormis Bernard Herrmann, on a parlé de Jonny Greenwood. L'idée était de créer un lien entre une tradition européenne de la musique de film et une tradition américaine, de faire la transition entre une musique fonctionnelle et une écriture plus poétique.

Vous utilisez d'ailleurs le procédé classique de l'emploi des thèmes...

F.V : Il y a trois thèmes. Le premier qui ouvre le film représente la dualité entre les deux femmes. Il y a entre elles un jeu de miroirs. Elles habitent deux maisons l'une à côté de l'autre, qui se ressemblent très fortement, et le film va petit à petit aller vers des zones un peu plus sombres et la musique va suivre ce chemin.

Et concernant les deux autres thèmes, ils vont épouser le point de vue de chacune des deux mères... Ce qui vous a intéressé était d'être à l'intérieur des personnages ?

F.V : Oui tout à fait, le deuxième thème était clairement lié à l'intériorité du personnage d'Alice, qui a un doute, dont on ressent l'angoisse par rapport à ce qui se passe. Est-ce qu'elle est parano, est-ce que c'est la réalité ? Et le troisième thème est lié à Céline, plus basé sur la souffrance.

Quand êtes-vous intervenu sur le projet ?

F.V : Je suis intervenu assez tôt, car je connais bien Olivier Masset-Depasse, on a fait trois films ensemble, il m'avait déjà parlé du projet avant même qu'il soit écrit, et m'a fait écouter des musiques. Ainsi, sur la base du scénario, j'ai commencé à proposer des premières thématiques.

L'écriture a donc influencé la musique et ensuite il y a eu un travail à l'image ?

F.V : Oui complètement. Le premier thème a été proposé sur scénario, mais ensuite c'était pendant le montage. Olivier a très aimé le premier thème, mais ensuite la construction narrative était plus complexe car il fallait être très proche du montage puisque c'est un thriller.

Vous êtes belge, le cinéma belge n'est pas forcément réputé pour utiliser beaucoup de musiques (si on pense aux frères Dardenne ou à Joachim Lafosse), ici la musique existe vraiment...

F.V : Disons que le film de genre nécessitait ce besoin de musique, c'était un grand challenge. Le réalisateur avait envie que la musique s'assombrisse, avec petit à petit l'entrée d'éléments plus électroniques associés à un orchestre de 35 musiciens.

Il y a à la fois les thèmes et la texture...

P.V : Il y a certains trémolos dans les aigus qui donnent un effet un peu plus aérien, et j'avais également envie de jouer sur du "délai" avec les cordes, ce qui donne un sentiment un peu sensuel.

Vous avez aussi travaillé avec Lucas Belvaux ("Pas son genre", "Chez nous"), est-ce que ce sont des méthodes différentes d'un réalisateur à l'autre ?

P.V : Disons que Lucas Belvaux a un montage qui marche sans musique. Je commence assez tôt dans le processus avec lui, on essaye des choses, mais c'est aussi extrêmement précis par rapport aux endroits où il en veut ou pas. Je trouve intéressant d'employer une musique comme un autre élément narratif du film, que le réalisateur puisse utiliser comme un outil.

 

Propos recueillis par Benoit Basirico

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