par Benoit Basirico
- Publié le 01-05-2019Aussi, l'aspect méditatif de la partition, toujours propice à la transe et à l'hypnose chez Herzog, accompagnant la lenteur de l'expédition à radeau, est en opposition avec le caractère hystérique du personnage central, et de son acteur Kinski, qui s'agite et crie. D'ailleurs, sa voix, à l'image ou en Off, a une tonalité agressive qui détonne face à la plénitude des notes de synthés et à la beauté insaisissable de la guitare electrique lancinante. Cette musique cotonneuse s'associe bien à brume d'un flanc de montagne et rend hypnotique les plans séquences montrant la pénible ascension.
Malgré tout, la quiétude musicale est chargée d'une ambivalence, et finit par prendre en charge les hallucinations du personnage, et parvient à soutenir sa folie des grandeurs. Derrière l'atmosphère enveloppante des accords synthétiques, on peut déceler une certaine étrangeté, aidée par la présence de choeurs célestes (dont on ne sait pas vraiment s'il s'agit de voix humaines, d'un clavier, ou d'un mellotron). La musique touche alors à la transcendante des esprits. La musique électronique est propice à représenter le mystère et l'inconscient. Herzog a su exploiter son potentiel onirique.
par Benoit Basirico
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