par Benoit Basirico
- Publié le 18-06-2019Gabriel Yared fait la rencontre de Michel Ocelot, qu'il retrouvera sur DILILI À PARIS (2018), et renoue avec le dessin après GANDAHAR (1988, de René Laloux). Pour ce film d'animation immergé dans la culture orientale (le film se passe en partie dans le Maghreb - cadre déjà exploité dans le dessin animé avec ALADDIN), le compositeur né à Beyrouth renoue avec ses origines et convoque une instrumentation exotique pour installer la géographie du film. L'autre cadre de l'action est l’Europe du moyen âge, ce qui se retrouve dans la musique à travers des morceaux au style antique rappelant les péplums, avec également la présence de flûtes à bec. Ainsi, les relations entre l’orient et l’occident sont incarnées par ce mélange entre musique orientale et occidentale, ce que le compositeur avait déjà pratiqué dans ADIEU BONAPARTE (Youssef Chahine).
Au delà de la dimension culturelle, le compositeur illustre parfaitement le parcours des personnages, notamment le retour en orient de Azur et le souvenir de sa nourrisse à travers une berceuse qu'elle lui chantait, qui prend la forme d'un thème qui traverse tout le film comme la trace des origines, pour se terminer en chanson (interprétée par Souad Massi). Des percussions marquent son parcours mouvementé, et la reprise du thème traduit sa quête tout étant un repère d'identification lorsqu'il retrouve sa nourrisse et lui chante l'air de son enfance. Ainsi, la partition est riche, elle soutient les enjeux dramatiques, inscrit la présence de l'orient et colore le film d'un certain enchantement. Surtout, elle participe à transmettre le propos de tolérance, de mixité et d'acceptation des différences.
par Benoit Basirico
Interview B.O : Pierre Desprats (Les Reines du drame, de Alexis Langlois)
Interview B.O : Audrey Ismaël (Diamant brut, de Agathe Riedinger)