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Entretien réalisé en 2001 par Pascal Surleau (Leitmotiv) - Publié le 01-01-2001




A l'occasion de l'interprétation en concert en 2001 de sa nouvelle musique pour le film Dracula de Tod Browning, Philip Glass a été interviewé par Pascal Surleau, de l'association LEITMOTIV (Lyon) et Cinézik en diffuse les propos en partenairiat. 

Décidément les rencontres avec Philip Glass ce font toujours sur le feux et cette fois c’était juste avant son entrée en scène pour l’interprétation en direct de DRACULA. Une version un peu différente du disque avec l’appui du compositeur au piano et du chef d’orchestre aux claviers. Le dispositif laissant apparaître l’orchestre en transparences à des moments clés étant vraiment judicieux. Cela fut une joie de le revoir sur scène et de redécouvrir le classique de Tod Browning.

Comment vous est venue l’idée de jouer derrière l’écran ?

Philip Glass : Il y a des moments où voir les musiciens est très important, d’autres pas. Nous avons voulu faire quelque chose de vraiment dramatique. J’ai cherché les différents moyens, tenter une liaison entre le film et la musique. Pour moi, la chose était intéressante pour casser les barrières entre la musique et le film. L’idée des musiciens derrière l’écran vient du responsable de la lumière qui m’a proposé cette idée et je l’ai accepté comme une expérience. Il fallait juste trouver un écran spécial pour voir le groupe en transparence.

Comment est venu ce projet de DRACULA ?

Le studios Universal m’a téléphoné pour me proposer une composition pour le marché de la vidéo. J’avais le choix entre 3 films ; DRACULA, FRANKENSTEIN et LA MOMIE… J’ai choisi les trois mais je devais travailler sur un seul film. Dans DRACULA le personnage de Bela Lugosi est tellement bon et fort… J’ai donc pris DRACULA.
Il y avait aussi un problème, c’est que le film était présenté sans musique, et les droits étaient expirés. Pour moi, quand je voie le film sans musique, c’est une œuvre inachevée et cela posait un problème au public de le voir ainsi. Il fallait donc que je trouve une solution. J’ai choisi des thèmes pour chaque personnages afin que la structure du film soit plus clair.

Pourquoi avoir refait LA BELLE ET LA BÊTE ?

Pour moi il y a une grande différence entre le film, la composition et la musique vivante. Dans LA BELLE ET LA BÊTE il y a des chanteurs et des chanteuses. Le film est très intéressant, mais il n’y a pas de « performance ». Quand je joue DRACULA, il n’y a pas deux fois la même soirée, c’est différent.

Pourquoi avoir écrit pour un quatuor et pas un orchestre symphonique ou une autre formation ?

C’est une bonne question. Quand je voie le film c’est en fait un film très intime. Les scènes sont filmé avec des ombres, en intérieur, dans des lieux clos, salle à manger, jardins… Ce qui m’intéresse dans DRACULA c’est le côté introspectif de l’histoire. Le personnage de DRACULA me passionne et il permet d’avoir une vision dramatique et introspective.

Comment se fait-il que vous jouiez dans les projections et pas sur le disque ?

Au départ nous avons enregistré sans piano, mais c’est très difficile à jouer et cela me donnait du travail (rires) et nous avions la possibilité le Kronos Quartet et moi de retravailler ensemble. Michael Riesman dirige l’orchestre et nous permet d’être synchrone avec le film et de temps en temps il joue du clavier.

J’aimerais revenir sur votre score pour KUNDUN. Cela vous a-t-il ouvert les portes d’Hollywood ? Car si vous êtes américain, vous restez en dehors du système...

Le système Hollywoodien ne m’intéresse pas. J’ai eu beaucoup de problème avec eux. Il faut faire la musique une fois que le film est terminé et je refuse de travailler comme cela. Je commence l’écriture à partir du scénario, comme je procède à l’opéra et cela me permet de voir la longueur de musique nécessaire.

Là c’est le collectionneur qui vous parle : est-ce que la musique de CANDYMAN va sortir un jour en disque ?

J’ai refusé pendant très longtemps car j’ai eu des problèmes avec les studios. Ils ont complètement changé le film après que j’ai écrit la musique et je n’aime pas cette version. Pour cette raison j’ai refusé qu’on édite le disque. Finalement nous commençons à tomber d’accord et le disque devrait sortir. Vous savez j’ai beaucoup aimé ce projet et je ne comprend pas ce qu’ils ont voulu faire. Je pensais naïvement que c’était le réalisateur qui contrôlait le film, mais c’est les producteurs !

 

Entretien réalisé en 2001 par Pascal Surleau (Leitmotiv)

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