Benoit Basirico
- Publié le 11-11-2019Costa-Gavras interrompt sa collaboration sur quatre films (depuis Amen en 2002) avec Armand Amar. Il ajoute alors Alexandre Desplat à sa liste d'illustres compositeurs français, après Philippe Sarde, Georges Delerue, Gabriel Yared, Éric Demarsan et Michel Magne (sur ses deux premiers films).
Pour ce film sur la crise de la dette grecque, Alexandre Desplat (dont la mère est grecque) emprunte au folklore locale (on pense à Mikis Theodorakis, Etat de siège et Z). Sa partition intègre les instruments à cordes traditionnels (buzuki, baglama, tzouras) dans une écriture dansante qui attribue aux turbulences politiques le caractère d'une farce. L'ajout d'un cymbalum et de flûtes augmentent le décalage. Comme un retour aux sources, on pense aussi dans son écriture à "Regarde les hommes tomber" (sa première partition pour Audiard), tout en appréciant la présence discrète de Peer Raben (compositeur de Fassbinder).
La musique est un véritable personnage, sans elle le film serait plus classique dans sa forme, mais avec elle on touche à l'absurde, jusqu'à un final délirant qui fait danser le parlement. Les échanges en huis-clos autour du personnage central, le ministre Yanis Varoufakis (Christos Loulis), prennent grâce à la musique les atours d'un cirque. Le compositeur a aussi pris en charge une musique de source (celle des danseurs qui se produisent à l'occasion d'un mariage) dans le style du sirtaki.
Benoit Basirico
Interview B.O : Audrey Ismaël (Le Royaume, de Julien Colonna)
Interview B.O : Audrey Ismaël (Diamant brut, de Agathe Riedinger)