par Thibault Vicq
- Publié le 10-06-2020La musique décuple le malaise des plans séquences coup de poing qui traversent le film. Insidieuse en fond sonore d’une soirée à l’origine du drame, ou très frontale en effet de sirène répétitive pendant la fameuse scène de l’extincteur, elle sort des bas-fonds pour s’agripper à des personnages en morceaux. Elle achève de mettre le spectateur dans l’état second nauséeux causé par la violence des images et des propos. Elle apparaît à l’écoute comme une révélation, après le visionnage du film, et s’avère être un album électro hyper-novateur au début des années 2000.
L’odyssée urbaine dépeinte passe par la spatialisation du bruit, des percussions tribales, des sons saturés et des ritournelles en boucle. Les boucles sur une pulsation précise accentuent le sentiment d’accablement. La musique est si peu ostentatoire qu’elle semble incluse dans le mixage audio. Même les titres festifs, entendus par les personnages, portent en eux la dimension cyclique du temps, en revenant indéfiniment sur les mélodies comme un disque rayé. Le montage du film à l’envers rejoint ainsi cette disposition sans début ni fin. Si les dissonances chromatiques d’orgues dans les premières minutes de l’album sont à peine discernables dans le long-métrage, elles font renaître les sensations de sa découverte. Et il va sans dire que la composition ajoute la touche finale à cette catharsis post-traumatique.
par Thibault Vicq
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