Cinezik : Votre actualité, c'est la sortie du disque en 3 volumes "Free cinematic sessions" (sorti chez Makasound le 22 septembre 2008)
Siegfried : Ce sont trois projets. Le premier est avec mon groupe d'amis, c'est du "free", on a fait plein de concerts ensemble. Ensuite il y a Eric Truffaz avec lequel nous avons eu ce projet de faire un album en duo. Et enfin, il y a Chris Hayward. Je me suis donc retrouvé avec ces trois projets, mais je n'allais pas les sortir séparément. Je les ai donc regroupés en trois sessions avec chacune sa collaboration.
Vous qui êtes cinéaste et compositeur, il s'agit d'un univers très cinématographique...
L'univers musical de ces disques aurait très bien pu faire un film en effet. Mais à un moment il faut choisir, je sépare mon travail de musique et celui de cinéma.
Pour tous les musiciens, je suis cinéaste, pour tous les cinéastes, je suis musicien.
Ma musique est assez imagée.
Ce disque est le résultat de séances d'Improvisation ?
Toutes les musiques partent d'improvisations. On joue tout en live. Cela demande une concentration totale. Ce sont plusieurs heures d'enregistrement. Comme pour le montage d'un film, il faut ensuite faire le tri, choisir des moments, créer une harmonie.
Les voyages sont aussi une source d'inspiration...
Lors de mes voyages, je prend un MD et j'enregistre des ambiances, des sons, des gens. Certaines pistes proviennent de Bangkok , du Japon, du Kazakhstan.
Par ces aspects aussi c'est cinématographique.
Toutes ces musiques appartiennent à un style précis, le jazz...
On pense surtout au jazz évidemment, que j'aime par la liberté qu'il permet, mais je viens du classique, je voudrais écrire une symphonie avec orchestre.
A côté de cela, quel est votre travail sur les BO ?
Dans toutes les musiques que j'ai faites, je n'ai jamais travaillé à l'image. Pour moi, une musique de film doit fonctionner quelque-soit le calage, quelque-soit le contexte, sinon cela devient une dictature que d'imposer une émotion, la musique doit demeurer minimaliste dans sa signification.
Je n'aime pas non plus que la musique prenne trop de place. Dans mes films, il y a certes toujours de la musique, mais il se peut qu'il n'y ait qu'une simple basse en arrière plan.
Quelles sont vos références ?
Je suis séduit par tous les films des années 70 avec du jazz, des Big Band,
que ce soit Miles Davis ("Ascenseur pour l'échafaud"), Art Blakey ("Des femmes disparaissent"), ou Herbie Hancock ("Round Midnight").
Votre prochain film à sortir est "Kinogamma", en deux volets...
Une séquence de la première partie est tournée dans un conservatoire à Moscou. Je me suis fait des variations du "Rach 3" de Rachmaninov ou du Ravel, avec les jeunes virtuoses de l'école. J'ai travaillé ces poèmes visuels pendant trois ou quatre mois. J'ai fait cela tout seul en production. Ce sont des sujets poétiques, des gammes cinématographiques. Je suis parti de mes voyages, et c'est la caméra qui est actrice. Ce n'est pas un documentaire car il n'y a pas de sujet. L'ambiance et le son restituent une simple émotion. C'est ça le cinéma, revenir à cette essence là. Aujourd'hui, je trouve que le cinéma ne travaille pas suffisamment l'image et le son. La caméra est un instrument, et comme en musique, les gens ont envie de voir quelqu'un qui joue bien.
Quand tu réalises un film, il faut connaître tous les arts que cela englobe, l'écriture, la caméra, la direction d'acteurs, la musique... tout en sachant s'entourer évidemment. Si tu ne connais pas la musique, tu devrais l'apprendre avant de faire un film. Le cinéma englobe tous les arts.
Interview B.O : Audrey Ismaël (Le Royaume, de Julien Colonna)
Interview B.O : Audrey Ismaël (Diamant brut, de Agathe Riedinger)