par Thibault Vicq
- Publié le 10-07-2020L’électro-pop rétro composée à six mains accompagne les individualités de personnages obsédés par la reconnaissance au cœur d’un flou contextuel et temporel. La musique résonne dans la voiture, inonde la solitude de Blaise à sa sortie de prison ou se moque de la complexité du jeu de cube auquel s’attèle la bande des Chivers. Les sons entrent et sortent du récit en même temps que l’absurde s’invite dans l’intrigue. L’objet filmique de Quentin Dupieux est comme un tout qui ne saurait extraire la musique des images et du montage.
L’écoute de l’album diffère ainsi de l’expérience sonore du film. On entend ainsi à tête reposée des synthés dansants, aux côtés de dislocations, d’étirements (comme les visages victimes de la chirurgie), d’envolées et d’un rodéo. Les perçus répétitives peuvent illustrer la routine de la bande, au contraire des harmonies complexes, qui cristallisent la richesse intérieure gâchée par la dynamique de groupe. L’esthétique du film, basée sur le décalage permanent (des personnages bien plus vieux que les lycéens qu’ils doivent être, de la langue française dans un environnement nord-américain), trouve une autre expression dans cette compil volcanique, fun et retorse. Toutes les folies sont permises, des emprunts à Rachmaninoff jusqu’aux voix de supermarché. STEAK possède une BO indémodable, qui se réécoute à l’envi. Le traitement du son aux petits oignons est la cerise sur le gâteau de ce bonbon (acidulé) auditif qui réconcilie la fantaisie, la comédie et le drame.
par Thibault Vicq
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