Cinezik : Avez-vous imaginé votre musique en relation avec le personnage central, ce jeune garçon, Teddy, 19 ans ?
Amaury Chabauty : Je suis arrivé tard sur le film, il était déjà monté, donc je ne l'avais pas lu avant. Mais ce personnage, il se trouve qu'il écoute du métal et que le rock est un style musical que j'aime bien et que j'ai déjà pratiqué puisque j'ai fait du rock pendant de nombreuses années. J'ai donc utilisé des guitares et de la saturation pour accompagner ce personnage, pour incarner sa rage intérieure. J'ai aussi fait quelques morceaux de métal qu'il écoute en plus de ceux qui ont été synchronisés. Parfois on a mixé les deux, on a imbriqué le score dans des chansons de métal.
Il y a aussi la convention du film d'horreur, avec des cuivres dissonants, est-ce qui y avait des références particulières là-dessus ?
A.C : Il y a parfois des musiques temporaires placées le montage, les réalisateurs ont des morceaux en tête, mais là il n'y en avait pas beaucoup. Je me souviens juste d'un morceau de "It Follows" qui était placé juste avant l'attaque, avant la fête.
"It Follows" (Disasterpeace) était dans le registre de l'électronique, proche de John Carpenter, alors que votre musique est plus instrumentale, plus acoustique ?
A.C : Il y a quand même un petit peu de synthétiseur, pour tout le côté adolescent du film, par petites touches pour incarner le couple et cette jeunesse, notamment lorsqu'ils se battent à la fête. On a même refait une musique de fête qui se synchronise ensuite avec le score.
C'est un film de transformation, de quelle manière vous avez fait évoluer votre musique pour correspondre à cela ?
A.C : J'ai essayé de mettre un thème, un motif, parfois en électro, parfois plus au piano classique. Ce motif récurrent qu'on entend dès le début du film évolue du violoncelle au piano, et quand le personnage se transforme ce thème revient de manière plus puissante et large. Il fallait aussi gérer les silences, aussi importants que la musique.
Le fonctionnement de la musique est très minimal tout en étant redoutablement efficace...
A.C : On travaille sur des films quelques mois donc on pourrait très bien partir à droite et à gauche, mais il fallait tout de même essayer tant bien que mal d'avoir une ou deux idées pour penser aux spectateurs qui ne va avoir une expérience que d'une heure et demie, et d'avoir une idée qu'il va pouvoir reconnaître, identifier, pour qu'il y ait une couleur globale. Cela passe par le thème ou par une instrumentation singulière, pour que l'expérience soit lisible.
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