"Don Juan" de Serge Bozon (présenté à Cannes Première, au cinéma le 23 mai 2022)
Serge Bozon : L'idée était de déterminer un style musical, et je pensais qu'il ne fallait pas que ce soit de la pop.
Benjamin Esdraffo (compositeur) : Pour ma musique j'ai écarté tout le côté pop. Serge avait effectivement deux grosses références qui étaient Bruckner et Mahler. Il y avait quatre-vingts musiciens, c'est quand même assez imposant. Il fallait malgré tout éviter le côté "grandes pompes" (...) On a peut-être travaillé encore plus que d'habitude sur ce film, sur la question de la couleur notamment. On a eu l'idée de faire jouer le grand orchestre de manière un peu tamisée, parfois avec des sourdines.
Serge Bozon : Benjamin Esdraffo a fait des arrangements de sorte à ce que les chansons se fondent avec le reste de sa musique pour le film. Il y a déjà une atmosphère musicale qui a été mise, plutôt lyrique, sombre, romantique, germanique, c'est pour cette raison qu'on accepte le caractère un peu lyrique et ombrageux des chansons, elles ont déjà été préparées par le reste.
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"La Nuit du 12" de Dominik Moll (présenté à Cannes Première, au cinéma le 13 juillet 2022)
Olivier Marguerit (compositeur) : Dominik Moll était une force tranquille. je lui ai proposé de composer beaucoup de musiques en amont, de lui donner pour le tournage, qu’il puisse y réfléchir au début du montage avec le monteur, qu’il puisse travailler à partir de cette base que je lui aurais donnée. Dans un second temps, je le rejoins pour le montage pour adapter la musique. Ainsi pendant assez longtemps ils ont travaillé sans moi. C'était une super méthode en fait, parce qu’en amont du tournage, on a pu échanger beaucoup avec Dominik. J'ai pu savoir ce qui marchait et ce qui ne marchait pas dans le langage musical que je lui proposais, et ensuite je l’ai laissé faire son film. Ainsi le film s'est construit avec mes premières musiques. Ce n'était pas du tout des musiques faites à l'image. Il m'a fait confiance.
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"As Bestas" de Rodrigo Sorogoyen (présenté à Cannes Première, au cinéma le 20 juillet 2022)
Olivier Arson (compositeur) : On est assez proche, donc je suis toujours un peu au courant des projets qu’il est en train d’écrire, ce qui me permet de lire les scénarios en avance. Et on a toujours des idées très claires avant de commencer chaque film. Et on aime bien les défis tous les deux. On aime bien ne pas trop se reposer sur nos lauriers. On essaie de pousser la machine un peu plus loin à chaque fois. Et puis Rodrigo est très clair dans ses indications, très précis sur ce qu'il veut. Il est très exigeant, mais après il laisse aussi une liberté énorme. Il est vraiment très bon pour trouver l'équilibre entre sa vision et un espace créatif pour ses collaborateurs. Il pousse vraiment à se surpasser, à trouver des solutions que tu n'avais pas pensé. Ce que j'apprécie le plus chez lui c’est qu’il te challenge en permanence, il permet d'aller dans des directions où tu ne te sentais pas capable d’aller.
"Les Cinq Diables" de Léa Mysius (présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, au cinéma le 31 août 2022)
Léa Mysius : On parle de la musique dès le scénario. Florencia commence à y réfléchir. L'idée est de parvenir à trouver le film en même temps que la musique, dès l'écriture.
Florencia Di Concilio (compositrice) : Au-delà des discussions en amont, je finis toujours par composer à l'image. Mais ma musique est comme une matière, elle peut ensuite être placée ailleurs. Et la monteuse Marie Loustalot travaille très bien avec la musique. C'est une chance.
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"Alma Viva" de Cristèle Alves Meira (présenté à la Semaine de la Critique)
Cristèle Alves Meira : J'étais attachée à l'aspect globe-trotter d’Amine, qui travaille avec des instruments du monde entier. Il a une richesse culturelle et musicale de par son parcours, son histoire, qu'il a mis au service du film.
Amine Bouhafa (compositeur) : J'ai samplé une cornemuse pour pouvoir créer toutes les maquettes. Intégrer la vraie cornemuse du nord du Portugal, là où le film a été tourné, faisait partie du travail d’écriture.
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"Dalva" de Emmanuelle Nicot (présenté à la Semaine de la Critique)
Emmanuelle Nicot : J'ai envie de pleurer en allant au cinéma, j'avais donc envie de faire un film émouvant. J'ai compris en voyant mon film tout nu, puis avec des petits morceaux placés, que mon émotion n'était pas du tout la même, que ça me transportait beaucoup plus avec de la musique. La musique amène une perception du temps qui passe.
Frédéric Alvarez (compositeur) : J'ai jamais autant travaillé avec quelqu'un proche de moi. Elle venait dans mon studio. C'était un travail d'orfèvrerie. Chaque note était placée à tel endroit. Tout était décidé ensemble sur le film, à tel point que je pense que Emmanuelle est presque compositrice sur ce film.
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"Un Varon" / "A Male" de Fabián Hernández (présenté à la Quinzaine des Réalisateurs)
Fabien & Mike Kourtzer (compositeurs) : Ce qui nous a intéressés, c'est le cadre de la violence, pas la violence elle-même. Elle est déjà racontée dans le film, donc il était plus intéressant de s'imprégner des murs. La musique, décousue, devait être un élément du décor, pas trop narrative mais comme un élément de l'univers (...) Quand l’image dit tout, si tu racontes exactement la même chose que ce que tu vois, ça ne sert à rien.
"La Jauria" de Andrés Ramirez Pulido (présenté à la Semaine de la Critique, au cinéma le 5 avril 2023 )
Andrés Ramírez Pulido : Dans un premier temps, j'étais très réservé à l'idée d'utiliser de la musique dans mes films. C'est venu petit à petit. J'ai laissé un peu de côté ma propre peur par rapport à la musique. La première rencontre avec Pierre a été décisive.
Pierre Desprats (compositeur) : Au premier montage que j'ai vu, j'avais la même sensation de réserve sur la musique. Le film était déjà très fort. Les ambiances sonores de la jungle colombienne sont très riches. La première sensation que j'ai eu, c'était que la musique ne pouvait pas être extérieure aux plans, on devait toujours rester dans une sensation de jungle. Finalement, Andrès me disait que la musique devait être subtile mais forte, qu’elle se différencie des ambiances. Dans le film, les musiques s'entendent.
Andrés Ramírez Pulido : Si on en a voulu, c'était pour que la musique ouvre des perspectives par rapport à l'image. Elle aide à élargir l'horizon. On se posait toujours la question de ce que ressent le personnage. La musique devait servir de miroir émotionnel.
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"Pamfir", film ukrainien de Dmytro Sukholytkyy-Sobchuk (présenté à la Quinzaine des Réalisateurs)
Laetitia Pansanel-Garric (compositrice) : “La collaboration a eu lieu à distance. La guerre a été déclarée quand on était en post prod. On a terminé le film en se faisant des commentaires audio sur WhatsApp, il était dans des situations très compliquées, caché dans le métro avec sa compagne. Le travail de la musique paraît très futile dans le contexte, de demander des retours, mais il a tenu et il n'a jamais transigé sur ses choix. J'étais très touchée, embarquée dans leur engagement par rapport à leur culture. Ils sont intègres. Il s'agissait de respecter ça (...) J'ai enregistré beaucoup de pistes de percussions pour obtenir un son extrêmement authentique. Le terme “authentique” venait à chaque phrase dans la bouche de Dmytro.”
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Interview B.O : Audrey Ismaël (Le Royaume, de Julien Colonna)
Interview B.O : Audrey Ismaël (Diamant brut, de Agathe Riedinger)