Edouard Artemiev a d'abord étudié la composition au Conservatoire de Moscou avant de s'interesser à la dimension sonore de la musique dès l’invention en 1960 par l’ingénieur Evgeny Murzin (qu'il rencontre) d'un des tout premiers synthétiseurs. C'est le fruit de l'expérimentation de cet instrument novateur qui le mènera 10 ans plus tard à collaborer avec Andreï Tarkovski qui prépare son "Solaris". Les notes electroniques étaient appropriées pour un film méditatif et spatial, pour lequel il "remixe" une mélodie de Bach ("Chorale Prelude in F-Minor"). Le classique et l'expérimental se mêlent. Il ne se restreint pas à l'emploi du synthé puisqu'il mélange les sonorités digitales avec celles plus organiques de l'orchestre, d'un orgue et de chœurs. Ils se retrouveront sur "Le Miroir" (1975) et "Stalker" (1979). Dans ce dernier, sa partition se confond avec le son d'un charriot véhiculant les personnages vers "La zone", espace mystérieux situé autour d'une centrale nucléaire. Sa musique contribue à identifier un paysage, à désigner un décor, tout en relatant un monde intérieur et fantasmatique.
Parmi sa centaine de BO, on peut compter sur des mélodies plus sentimentales ("Esclave de l’amour", de Nikita Mikhalkov, 1976), classiques ("Soleil trompeur" de Nikita Mikhalov, 1994) ou fokloriques ("Urga", de Nikita Mikhalkov, 1991). Malgré cet eclectisme et son grand talent, il demeure identifié exclusivement comme un compositeur du cinéma russe, ignoré des cinéastes occidentaux.
Il continuait jusqu'à sa mort à travailler pour Andrey Konchalovskiy (le frère de Mikhalkov). C'est pour lui qu'il signa sa dernière BO, en 2019, avec le film historique "Michel-Ange" ("Il peccato").
Il rejoint d'autres grandes figures de l'electronique disparues cette année, après l'allemand Klaus Schulze (en avril 2022) et le grec Vangelis (en mai 2022).
SOLARIS (1971), une planète à inventer
Panorama BO : 20 musiques de films Électroniques (1ère partie : A l’international)
Interview B.O : Pierre Desprats (Les Reines du drame, de Alexis Langlois)
Interview B.O : Audrey Ismaël (Diamant brut, de Agathe Riedinger)