Puis il y a Serge Gainsbourg avec lequel il compose en 1960 "L'eau à la bouche" (1960), même si par générosité il permet au chanteur débutant de se créditer seul au générique. Par la suite son nom figure à ses côtés pour "Strip-tease" (Jacques Poitrenaud, 1963). Une autre rencontre est déterminante, celle en 1966 avec le poète et dessinateur Roland Topor et le cinéaste René Laloux pour le court-métrage d'animation surréaliste "Les escargots" (1966) qui annonce son chef d'œuvre musical, "La Planète sauvage" (1973, lire notre article sur la BO).
Il croise la route de Claude Pinoteau sur son premier film, "Le Silencieux" (1973) pour une unique collaboration. Il forme un tandem régulier avec un seul réalisateur, Serge Korber, mort un an avant son compositeur, le 23 janvier 2022. Après cinq court-métrages ensemble, le cinéaste, dont la musique fait partie intégrante de son oeuvre, fait appel à lui pour son premier long "Le 17ème ciel" (1966), comédie romantique avec Jean-Louis Trintignant et Marie Dubois. Il font cinq films pour le cinéma entre 1966 et 1988 - dont les comédies réjouissantes "Sur un arbre perché" (1971, avec Louis de Funès) et "Ursule et Grelu" (1974, avec Annie Girardot et Bernard Fresson) - ainsi que quatre téléfilms dans les années 90. Goraguer s'est essayé à tous les genres, même le porno dans les années 70 sous le pseudo Paul Vernon.
Il a su être non seulement un musicien talentueux, un inventeur de mélodies, avec un sens du swing, mais aussi un pionnier dans l'emploi des nouvelles technologies. Il nous disait en entretien, "J'ai toujours été rapide à apprivoiser les nouveautés. J'utilisais déjà du synthé dans les années 60 pour la chanson". Et concernant son approche des films, il se disait "inspiré par l'impression de l'image, le souvenir, plus que par l'image elle-même". Sa dernière partition pour le cinéma, "Deux jours à tuer" (de Jean Becker, 2008), est faite en association avec son fils Patrick Goraguer, musicien percussionniste et batteur reconnu dans le jazz.
LA PLANÈTE SAUVAGE (1973), une déshumanisation délirante (par Benoit Basirico)
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