Tous les propos ont été recueillis par Benoit Basirico
- Publié le 24-06-2023BACHAR MAR-KHALIFÉ (BANEL & ADAMA, DE RAMATA-TOULAYE SY, CANNES 2023 - EN COMPÉTITION)
"Depuis que je compose pour le cinéma, j'ai découvert qu'on peut créer de la musique sans thème. La musique n'est pas seulement une question de thème ou de rythme. Elle peut être une seule note et surtout, elle est une sensation. La musique est aussi une expérience physique, et pas seulement un plaisir pour les mélomanes." Lire l'intégralité de l'entretien
PIERRE CRETON, RÉALISATEUR DE “UN PRINCE” (GRAND PRIX SACD, QUINZAINE DES CINÉASTES - CANNES 2023)
"La musique est vraiment décidé lors du montage. Elle a déterminé sa propre place, en tant qu'élément indépendant. Elle n'illustre pas toujours quelque chose, elle a la même importance que les images." Lire l'intégralité de l'entretien
FABIO MASSIMO CAPOGROSSO (L'ENLÈVEMENT, DE MARCO BELLOCCHIO, CANNES 2023 - EN COMPÉTITION)
"J'aime composer de la musique en lisant le scénario. Je ne suis pas né pour faire du cinéma, donc je trouve la musique en moi, qui est un peu déconnectée de l'image. Ensuite, on essaie de la connecter à l'image. Mais si je ne la connecte pas au début, je crée une musique plus profonde. Donc, j'ai appris à composer ma musique en lisant l'histoire." Lire l'intégralité de l'entretien
PAULINE RAMBEAU DE BARALON (P.R2B) & KAMAL LAZRAQ (LES MEUTES, PRIX DU JURY - UN CERTAIN REGARD / CANNES 2023)
Kamal Lazraq : "Pendant le montage, nous essayions de poser des musiques juste pour voir, et dès que ça sonnait comme de la musique de film, le film rejetait ça. Nous nous sommes dit qu'il nous fallait quelque chose de plus brut, plus artisanal."
P.R2B : "Les instruments à vent sont des instruments qui expriment l'âme humaine. Il n'y a pas beaucoup d'instruments dans lesquels on souffle. On doit tout de même vider ses poumons. Et on n'est jamais beau quand on joue. On devient rouge. Je pense que c'est un bon instrument pour la musique de film à partir de là." Lire l'intégralité de l'entretien
QUENTIN SIRJACQ (BLACK FLIES, DE JEAN-STÉPHANE SAUVAIRE, CANNES 2023 - EN COMPÉTITION)
"Aujourd'hui, nous sommes moins dictés par le thème. Nous devons chercher quelque chose de l'ordre de la sensation (...) j'ai travaillé le thème en répétant des micro-variations , on atteint presque un état de transe, de méditation. Il y a une grande part d'expérience physique au piano, presque improvisée, cela passe aussi par le toucher. Il ne s'agit pas seulement de travailler à la table. Parfois, c'est la sensation de l'instrument qui peut vraiment apporter des solutions musicales." Lire l'intégralité de l'entretien
ETIENNE CHARRY (LE LIVRE DES SOLUTIONS, DE MICHEL GONDRY, CANNES 2023 / QUINZAINE DES CINÉASTES)
"La communication joue un rôle crucial dans la création de la musique de film. La communication, la confiance et des centres d'intérêt similaires ou communs." Lire l'intégralité de l'entretien
EMILE SORNIN (SIMPLE COMME SYLVAIN, DE MONIA CHOKRI, CANNES 2023 / UN CERTAIN REGARD)
"Il y a des moments où je compose quelque chose pour une image spécifique, et puis finalement Monia me dit que ça ne fonctionne pas pour cette scène, mais elle l'utilise plus tard. Le placement peut changer. Un thème qui était complètement à côté de la plaque, Monia l'a trouvé très beau et a eu une idée pour un autre moment. I n'y a jamais de choses à jeter." Lire l'intégralité de l'entretien
STEPHEN WARBECK (JEANNE DU BARRY, DE MAÏWENN, OUVERTURE CANNES 2023)
"Maïwenn a dit dès le début : "Pas de clavecin, je déteste ça". Cependant, j'ai progressivement incorporé un peu de clavecin dans les maquettes. Et c'est vrai que cela ajoute quelque chose. Cela fonctionne très bien pour orienter légèrement vers la musique baroque." Lire l'intégralité de l'entretien
ROB (ACIDE, DE JUST PHILIPPOT, CANNES 2023 HORS COMPÉTITION)
"Je me suis un peu taillé une réputation dans les films de genre et d'horreur. Je les aborde comme n'importe quel autre film. J'ai la même approche que pour un drame ou une romance. Je me laisse emporter par ce que je ressens, très instinctivement. A chaque fois que je prends le contrepied, en apportant de l'émotion au cœur de l'effroi, l'impact est bien plus fort." Lire l'intégralité de l'entretien
ANTONI LAZARKIEWICZ (IN THE REARVIEW, DE MACIEK HAMELA, CANNES 2023 - ACID )
"J'essayais de limiter la quantité de musique dans le film. Il y a des scènes où il ne faut pas trop en faire, sinon on ressent une sorte d’émotion forcée. Mais il y a des moments où vous avez besoin de souffler, de digérer émotionnellement ce que vous avez vu. C’est là qu'on peut créer cet espace avec la musique. Elle intervient souvent après des moments clés de l’histoire. Elle fait écho, elle n'illustre pas." Lire l'intégralité de l'entretien
JOHN KACED & STÉPHAN CASTANG (VINCENT DOIT MOURIR, CANNES 2023 - SEMAINE DE LA CRITIQUE)
Stéphan Castang : "La musique est nécessaire, elle est essentielle. Mais ce dont il faut être prudent, c'est avec les clichés, les lieux communs. Par exemple, avoir de la musique de cordes dans une scène romantique, ça rend l'histoire d'amour ennuyeuse pour moi. Je ne pense pas qu'il faille craindre une musique qui domine, mais plutôt une musique qui commente. La musique peut toucher le spectateur de manière différente, que chaque spectateur peut y trouver son propre sens." Lire l'intégralité de l'entretien
CLÉMENT DUCOL, CHIARA MALTA & SÉBASTIEN LAUDENBACH (LINDA VEUT DU POULET, CANNES 2023 - ACID)
Chiara Malta : "Clément nous a surpris à chaque fois, en sublimant vraiment le film. Je crois que vouloir tout contrôler dans la collaboration avec un musicien, ça ne fonctionne pas vraiment. On s'en remet à ce qu'il propose, comme avec n'importe quel autre aspect du film. C'est un véritable partenaire à cet égard.."
Clément Ducol : "Écrire la musique, c'est une part de mon processus créatif. Mais au début, je tente de me connecter à une émotion. La partition, c'est comme un guide, mais ce qui prime, c'est l'émotion d'une scène. Je passe par les instruments, les percussions, le piano, la guitare, des trucs assez basiques, et parfois même le chant. Puis, on peaufine les teintes avec les réalisateurs, et on se met d'accord sur une couleur, une texture, et après on peaufine encore, c'est là que la partition intervient"
Sébastien Laudenbach : "Il y a un lien très fort entre l'animation et la composition musicale. En tant qu'animateur, je me vois un peu comme quelqu'un qui écrit de la musique sans vraiment la jouer. Quand j'anime, j'ai l'impression de composer un rythme." Lire l'intégralité de l'entretien
GAEL RAKOTONDRABE (ÉTAT LIMITE, DE NICOLAS PEDUZZI, CANNES 2023 - ACID)
"Nicolas fait preuve d'une grande confiance. Il m'a donné carte blanche sur de nombreux aspects. Il est très réceptif à la musique. Nous avons beaucoup travaillé autour du piano ensemble. Il est venu chez moi et nous avons exploré différentes idées. Je lui faisais des propositions et il faisait des retours, il a été très généreux à cet égard." Lire l'intégralité de l'entretien
ANTOINE BODSON & MAXIME RAPPAZ (LAISSEZ-MOI, CANNES 2023 - ACID)
Maxime Rappaz : "Au début, j'avais des idées totalement différentes de ce qui est finalement dans le film. Ça a été un long chemin. C'est mon premier film, donc ce n'était pas évident pour moi de savoir exactement ce que je voulais. C'était un travail d'allers-retours avec le compositeur. Nous échangions des références, testions plusieurs instruments, et cherchions différentes façons de relier la musique aux images. Finalement, nous avons opté pour la sobriété du piano (...) C'était par touches, en tâtonnant. Je n'ai pas vraiment d'idées préconçues. C'est plutôt une recherche et un travail qui se fait progressivement."
Antoine Bodson : "Nous avons exploré beaucoup de choses, beaucoup d'instruments différents, beaucoup d'arrangements différents. Même avec des musiques qui étaient, disons, orchestrales, et d'autres qui étaient un peu plus électroniques avec des synthétiseurs, etc., nous nous sommes finalement retrouvés à ne garder que le piano." Lire l'intégralité de l'entretien
HARRY ALLOUCHE (LES COLONS, DE FELIPE GÁLVEZ HABERLE, CANNES 2023 - UN CERTAIN REGARD)
"J'ai trouvé de meilleures idées musicales en travaillant sans l'image, car j'étais tenté d'être séduit par ce qui se passait visuellement. Lorsqu'il y a de grands panoramas avec un mouvement d'image plutôt lent, cela peut inciter à créer quelque chose de plus lent et introspectif. Travailler sans l'image m'a permis de créer un contraste avec des éléments musicaux beaucoup plus percutants et ainsi de présenter un visage différent du film à travers la musique." Lire l'intégralité de l'entretien
JULIE ROUÉ (LA FILLE DE SON PÈRE de ERWAN LE DUC, CANNES 2023 - SEMAINE DE LA CRITIQUE)
"Lors du montage sont déterminés les moments où la musique commence et se termine. Cela me surprend de voir comment la musique est utilisée, cela crée des coïncidences fortuites. Je crée un morceau qui finit par être placé à un certain point et cela engendre des synchronicités inattendues que je trouve fantastiques. Nous travaillons en capitalisant sur la sérendipité avec Julie Dupré (la monteuse) et Erwan." Lire l'intégralité de l'entretien
PIERRE DESPRATS (CONANN, DE BERTRAND MANDICO, CANNES 2023 - QUINZAINE DES CINÉASTES)
"Ce qui demeure essentiel pour moi, c'est le corps. Je sens lorsque je fais vibrer un instrument quand l'émotion est juste. Cela reste donc mon gouvernail. Il faut jouer la musique, la sentir, pour savoir si elle va dans la bonne direction (...) Même les instruments virtuels on les joue. Ils demeurent tout de même des instruments. La prouesse technique de l'échantillonnage et des banques de sons peut nous donner accès à des orchestres incroyables ou des solistes extraordinaires enregistrés sous nos doigts, mais cela signifie aussi la perte d'une certaine spécificité, qu'il faut recréer ailleurs. Même avec un orchestre, il faut donner une spécificité, il faut s'approprier les outils." Lire l'intégralité de l'entretien
ALEXANDRE DE LA BAUME (LE RAVISSEMENT, DE IRIS KALTENBÄCK, CANNES 2023 - SEMAINE DE LA CRITIQUE)
"On peut potentiellement modifier complètement le jugement moral sur une situation en fonction de l'ambiance musicale que l'on crée. Le film veut surtout éviter d'être moralisateur, ce n'est pas son rôle. C'est au spectateur d'être libre de juger les actes, et je trouve cela d'autant plus beau que le film ne dicte aucun jugement et que la musique contribue à cela en étant en connexion directe avec l'héroïne. En tant que compositeur, mon rôle n'est pas non plus moralisateur, mais plutôt un rôle d'empathie, de compréhension et de narration." Lire l'intégralité de l'entretien
Tous les propos ont été recueillis par Benoit Basirico
Interview B.O : Audrey Ismaël (Le Royaume, de Julien Colonna)
Interview B.O : Audrey Ismaël (Diamant brut, de Agathe Riedinger)