Enfin, c'est un faux anniversaire : Maurice fête ses 82 ans en 2006. Mais le projet remonte à près de trois ans en amont, Maurice Jarre n'ayant jamais dirigé ses musiques dans sa ville natale de toute sa carrière... jusqu'à ce jeudi 20 avril 2006. Ce concert était donc un événement en bien des points.
Ce concert est organisé avec Stéphane Thénoz et l'Orchestre National de Lyon (qui a également joué les musiques de Vladimir Cosma en 2004 ou la Symphonie du Seigneur des Anneaux en février 2006). C'est sur sa suggestion qu'a été introduite, pour la première fois dans un programme de concert de Jarre, une "Suite française", arrangée spécialement pendant trois mois durant par l'assistant de Maurice Jarre, qui dû retranscrire à l'oreille les partitions de LA TETE CONTRE LES MURS (Georges Franju, 1959), es LES DRAGUEURS (Jean-Pierre Mocky, 1959), et WEEK-END A ZUYDCOOTE (Henri Verneuil, 1964), dont les partitions ont été oubliées par un Maurice Jarre peu soucieux de sauvegarder ses partitions enregistrées, au grand désespoir de Stéphane Lerouge. Cette suite était la bonne surprise de ce concert, avec des musiques tantôt rythmées et percussives, tantôt douces et raffinées.
Aux côtés de ces partitions inédites et méconnues, l'excellent orchestre national de Lyon (d'un professionnalisme à la hauteur des plus grands orchestres mondiaux, de l'aveu de Maurice Jarre lui-même), a interprété avec fougue et rigueur les meilleurs musiques hollywoodiennes de Jarre, tels que GRAND PRIX de John Frankenheimer, WITNESS et LE CERCLE DES POETES DISPARUS de Peter Weir, L'étau d'Alfred Hitchock, MAD MAX III de George Miller, PARIS BRULE-IL de René Clément, sans oublier ses plus grands succès pour les films de David Lean (tous les trois couronnés d'un oscar) : DOCTEUR JIVAGO, LA ROUTE DES INDES et LAURENCE D'ARABIE, qui clôture le concert après plus de 2 h 15 (au lieu des 1 h 45 prévues).
Si Maurice Jarre n'a pas assuré sur la longueur une direction d'orchestre olympique (à son âge, il est tout pardonné), l'orchestre jouant presque tout seul pour PARIS BRULE-IL, le bonhomme se porte malgré tout à merveille, et n'a pas hésité à prendre le micro entre chaque morceau pour susurrer une croustillante anecdote sur un film ou un cinéaste, pour le plus grand plaisir du public. Ainsi, on appris que la partition de LA ROUTE DES INDES s'est retrouvé dans les poubelles après le passage de la femme de ménage, qu'Hitchcock n'a donné aucune indication pour L'ETAU jusqu'au montage final (dans lequel la musique figure intégralement), que George Miller a insisté pour faire monter un piano au musicien jusqu'au douzième étage de son appartement à Sydney, ou que Maurice dû se payer un tour en voiture de course avant de mettre en musique GRAND PRIX de Frankenheimer ! Bref, que du bonheur...
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