,@,apollo13,horner, - Apollo 13 (James Horner), hommage musical à la bravoure spatiale Apollo 13 (James Horner), hommage musical à la bravoure spatiale

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par Quentin Billard

- Publié le 01-01-2008




James Horner retrouve Ron Howard après "Cocoon" (1985) et "Willow" (1988). Dans leur troisième collaboration, James Horner et Ron Howard proposent un travail puissant pour le film "Apollo 13". 

Le 'Main Title' introduit le premier thème après un rythme de caisse d'esprit martial (un rythme calqué sur les parties de caisse d'Aliens mais en plus rapide) servi par une trompette solitaire (joué par Tim Morrison, déjà trompettiste pour certaines BO de John Williams) exposant le premier thème sous la forme d'un motif en forme d'appel de trompette militaire (motif d'arpège d'un accord parfait typique de ce genre de musique) qui donne le côté solennel voire patriotique à la musique dans le film (l'aspect patriotique est tout de même bien mis en arrière-plan dans cette musique, Horner ayant voulu éviter de tomber dans le style facile de 'Independence Day' ou 'Armageddon', non, 'Apollo13' est un film réaliste sur un drame humain historique, et ce n'est pas un film fait pour mettre en avant le drapeau américain). Le 'Main Title' (pour la séquence d'ouverture concernant Apollo 1) développe ensuite un petit thème de cordes avec vents et quelques cuivres, le tout soutenu par une basse de piano, comme Horner le fait tellement souvent, un tic d'écriture plutôt systématique.

Le morceau clé du score reste sans aucun doute le superbe 'All Systems Go-The Launch', dix minutes épiques qui sont restés un grand moment dans l'univers musical du compositeur. Le morceau décrit ainsi la longue séquence du décollage avec un côté à la fois solennel et tout en retenue. Le thème principal (qui évoque la mission et les espoirs qui reposent sur la réussite d'Apollo 13) est entendu suivi plus tard du troisième thème, un thème plus solennel évoquant la détermination respectueuse de ces trois astronautes pour accomplir leur mission. Le morceau s'emballe alors sur le plan rythmique (rythme de caisse typique d'Horner) pour faire monter la tension et nous rappeler les dangers d'un décollage qui peut très bien tourner à la catastrophe, aussi bien près du sol que dans l'espace. La montée crescendo très progressive (surtout sur le plan rythmique) indique aussi l'excitation de ce départ vers une aventure spatiale unique dans une vie. Le choeur d'enfants fait alors son apparition, quelque chose qui reste typique d'Horner (on le retrouve déjà dans 'Glory' - 1990, plus tard dans 'Braveheart', 'Deep Impact', etc.), le choeur apportant ici une certaine touche de beauté et de légèreté pour une scène de décollage qui n'est pas du tout légère (ce n'est pas une contradiction musicale mais bien une réelle envie d'éviter à tout prix le cliché de la grosse masse musicale gigantesque pour cette scène). Finalement, la montée orchestrale débouche sur une reprise orchestrale plus puissante du thème principal alors que la fusée Saturn V décolle de son site de lancement avec à son bord les trois astronautes en route vers la Lune. Les choeurs d'enfants apportent cette petite touche d'émotion à cette grande séquence de décollage. Le rythme orchestral prend alors une autre tournure, tandis que les astronautes entament leur manoeuvre une fois qu'ils se retrouvent dans l'espace.

Les problèmes commencent réellement avec la séquence de l'explosion dans 'Master Alarm', premier grand morceau d'action du score que vient renforcer la fameuse phrase clé de Jim Lovell, 'Houston, We Have a Problem'. Commençant de manière très sombre, Horner crée un climat d'urgence et de danger avec un ostinato rythmique très clairement repris de 'Sneakers' (et de 'Legends of The Fall' - 1994) le début du morceau faisant allusion au morceau 'Garage Chase' d'un ancien score d'Horner, 'The Pelican Brief' (1993). Evidemment, la musique d'Apollo13 n'évite pas les habituelles redites-personnelles d'Horner et en cherchant bien, on trouvera plusieurs références à d'anciennes oeuvres d'Horner dans ce score. Mais cela ne doit pas nous faire oublier la réelle qualité d'un score qui colle à merveille au film de Ron Howard. 'Master Alarm' est typique avec ce rythme de caisse doublé d'un petit martèlement sur chaque temps, une formule rythmique surutilisé par Horner depuis ses grands scores d'action/aventure des années 90 . On y retrouve aussi d'autres tics d'écriture comme ces clusters descendants du piano, quelque chose qu'Horner mettra bien en avant dans les parties d'action de 'Titanic' en 1997, et que l'on trouve déjà dans des scores tels que 'The Pelican Brief' ou 'Sneakers' par exemple. Après cette partie d'action excitante qui marque le début des ennuis pour l'équipage d'Apollo13, le sombre 'Into The Lem' (qui commence étrangement comme un passage de cordes du 'End Titles' d'Aliens - 1986) commence de manière dramatique avec des cordes sombres et résignées évoquant le fait que les astronautes ne pourront de toute évidence plus aller sur la Lune à la suite de cette explosion. Les astronautes dérivent à bord du module lunaire (LEM) tandis que les ingénieurs de la NASA cherchent une solution pour pouvoir les ramener saint et sauf sur terre, d'où ce climat sombre et tendu dans ce morceau (notons ici ce petit rythme de claves en arrière-plan comme dans 'Sneakers', l'écriture générale de 'Into The Lem' étant archi typique de l'écriture d'Horner impossible de confondre avec celle d'un autre compositeur tant elle s'est très clairement systématisé à partir du milieu des années 90). Pour un autre morceau clé du score, Horner fait intervenir la chanteuse soliste Annie Lennox dans le très beau 'Darkside of The Moon', qui nous permet de réentendre des allusions au thème de trompette. Un petit ostinato rythmique pianissimo des timbales vient donner une certaine gravité à ce sombre morceau qui sonne très clairement dramatique dans la scène où le LEM des trois astronautes passe près de la Lune, Lovell voyant alors son rêve lui passer devant le nez (Horner reprend le climat solennel touchant du 'Main Title' alors que Lovell rêve qu'il marche sur la Lune). 'Darkside of The Moon' contient de très belles parties vocales de la chanteuse, avec l'utilisation plus loin dans le morceau de la partie chorale discrète. Ce morceau possède un côté quasi funèbre tout en retenue (le morceau reste calme et résigné à la fois dans une ambiance dramatique comme seul Horner sait le faire) La reprise du thème de trompette vient apporter une touche d'espoir au sein de ce morceau assez sombre comme pour rappeler le fait que les trois astronautes sont décidés à revenir chez eux sur Terre (belle reprise du thème aux cordes à la fin du morceau pour évoquer l'espoir du retour sur terre). 'Darkside of The Moon' et sa partie vocale envoûtante serait presque parfait si le morceau n'avait pas les quelques défauts habituels du compositeur: premièrement, il s'agit en fait d'une reprise très influencé du morceau 'Cosmo...Old Friend' du score de 'Sneakers' d'Horner, ce morceau citant d'ailleurs à l'origine quelques mesures à peine cachée d'une oeuvre orchestrale du compositeur Estonien Arvo Pärt. Malgré ces quelques défauts, 'Darkside of The Moon' crée un climat sombre et résigné très fort à l'écran, alors que la musique joue sur la nuance piano du morceau tout en retenue (la preuve que pour faire fort il n'y a pas toujours besoin d'essayer de nous en mettre plein les oreilles).

Dans un passage absent de cette version du CD (il existe une version promotionnelle complète éditée par MCA Records, ainsi qu'une version plaquée 'or' et une version 2 CD pas vraiment très intéressante puisqu'elle reprend en gros le contenu de cet album), Horner décrit dans un court passage d'action excitant la manoeuvre périlleuse que les astronautes doivent effectuer en gardant dans leur axe de référence la Terre (en réalité, c'est le soleil qui a servi à Lovell de point de référence pour cette dangereuse manoeuvre en manuel). Après quelques passages plus sombres aussi absents du CD (mais ils sont un peu moins intéressants, hormis le passage sombre plus accrocheur concernant le problème du dioxyde de carbone), c'est 'Re-Entry and Splashdown' qui conclut cette histoire de manière triomphante, le morceau se composant ainsi comme dans la longue séquence finale en deux parties: la traversée de la capsule spatiale dans l'atmosphère et l'amerrissage final où Lovell, Haise et Swigert seront finalement sauvés. Le morceau commence de manière épique avec les cuivre et le choeur d'enfants sur un rythme de caisse exprimant le danger de ce retour sur terre avec la capsule qui brûle dans l'atmosphère. Ici, Horner cite très clairement un passage qu'il reprend du morceau 'Ambush' de son score pour 'Clear and Present Danger' (1994), suivi juste après d'un petit passage (à 1 minutes 24 précisément) qui rappelle beaucoup un autre passage de 'Legends of The Fall' (1994). Le morceau contient aussi la fameuse allusion à la trompette du thème de 'Schindler's List' de John Williams (à 2 minutes 39) qu'Horner reprenait déjà dans son score de 'Balto' (1993) et qu'il reprend une deuxième fois à 3 minutes 02. Passé le début plus épique, le morceau devient de plus en plus dramatique alors que le monde entier attend de manière angoissée le retour des trois astronautes qui doivent renouer le contact avec la NASA au bout de 3 ou 4 minutes. Mais le silence se fait de plus en plus long alors que la musique se 'tait' progressivement jusqu'à devenir presque silencieuse alors que tout semble perdu, juste au moment où le contact revient soudainement et qu'Horner amène le thème de trompette avec une brillante et héroïque montée orchestrale. Le thème exposé ici en tutti orchestral aux cordes apparaît finalement comme triomphant pour évoquer le retour héroïque des 3 astronautes qui ont survécus à cette terrible épreuve. Ainsi donc, le morceau finit de manière triomphante avec une reprise grandiose du thème principal, avec le retour du choeur d'enfants reprenant le thème de 'All Systems Go-The Launch'. 'Splasdown' est un hommage vibrant à ces trois astronautes devenus des héros malgré l'échec de la mission. Le morceau finit avec un rappel du thème du 'Main Title' ainsi que du retour du thème solennel au choeur, tout cela pour l'épilogue vibrant du film. Le score se conclut avec le superbe 'End Titles' où Horner reprend le thème solennel et le thème de l'équipage avec le chant d'Annie Lennox soutenu par une rythmique de synthé étonnante de la part d'Horner peu habitué à utiliser le synthé de cette manière là. On appréciera la très belle reprise du thème par le choeur d'enfants alternant avec le chant d'Annie Lennox toujours sur la base rythmique du synthé. L'idée d'utiliser cette petite rythmique électronique moderne pourrait évoquer le fait que même encore aujourd'hui, cette histoire continue à passionner des gens tout en rendant hommage à ce genre d'histoire tellement puissante qu'elle traverse les époques (mais ce n'est qu'une interprétation possible du morceau!). La seconde partie du morceau reprend le thème du 'Main Titles' sous forme d'un tutti orchestrale dominé par les cuivres les cordes avec un choeur mixte qui reprend le thème du morceau 'All Systems Go-The Launch' avant de finir sur une reprise orchestrale du thème solennel alternant avec le choeur pour finir sur une reprise du thème de cordes/trompette du 'Main Title', le thème solennel de la trompette solitaire finissant d'ailleurs le 'End Title' de manière très recueillie.

'Apollo 13' apparaît au final comme une BO d'Horner très intéressante et qui crée l'atmosphère musicale parfaite pour le film. A l'instar de ce qu'a voulu faire Ron Howard sur ce film, James Horner a rendu un bien bel hommage aux trois astronautes malchanceux d'Apollo 13 qui ont tout de même eu la chance de pouvoir revenir vivants de cette mission considérée comme un 'échec réussi'. Le compositeur nous prouve aussi son talent pour écrire des partitions dramatiques tout en évitant de trop retenir l'attention en cherchant le ton adéquat pour rendre l'aspect réaliste et historique du film plus crédible. Malheureusement, 'Apollo 13' est aussi un score trop typique d'Horner puisqu'on y retrouve tous ses habituels tics d'écriture et des influences trop évidentes à certaines de ses oeuvres plus anciennes, ici: 'Glory', 'Clear and Present Danger', 'Legends of The Fall', 'Balto', 'Sneakers', 'The Pelican Brief', etc. A noter aussi que les parties chorales et certains thèmes avec les choeurs font étrangement penser au score de 'Class of 61' de John Debney. Coïncidence? Probablement, étant donné qu'il n'y a aucune citation faite au score de Debney. Mais la ressemblance est assez marquante par moment. Mais, encore une fois, tout cela ne doit pas nous empêcher d'apprécier ce score solennel et dramatique à sa juste valeur: un hommage vibrant aux astronautes de la mission Apollo 13.

 

par Quentin Billard


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