,@,unbreakable,howard-jn, - Incassable (2000), des mélodies entrelacées Incassable (2000), des mélodies entrelacées

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par Quentin Billard

- Publié le 01-01-2006




James Newton Howard retrouve M. Night Shyamalan après "Sixième Sens" (2000) avec l'orchestre, quelques éléments de synthétiseurs assez discrets, une rythmique un peu rap/techno que l'on retrouve dans certaines pièces de l'album, et des solistes comme la trompette, le violoncelle et le piano. 

La force de la partition de 'Incassable' réside dans ses thèmes multiples, à l'inverse du 'Sixième Sens' qui en possédait un seul. Howard a intégré un orchestre, quelques éléments de synthétiseurs discrets, une rythmique rappelant par moments la techno dans certaines pièces de l'album, et surtout, un travail intéressant de solistes incluant la trompette, le violoncelle et le piano. Ce travail des solistes apporte une palette spécifique à la musique de Howard, créant ainsi un "dialogue" captivant avec les images. Bien entendu, on ne saurait ignorer la patte distinctive de Howard, compositeur en pleine expansion depuis quelques années ('Dinosaure', 'L'Associé du Diable', 'Le Sixième Sens', etc.).

Howard devait traduire deux aspects principaux au travers de cette composition : la tragédie et le drame du film, puis l'aspect sombre et thriller d''Incassable'. Ce défi a été brillamment relevé par Howard. Ainsi, 'Visions' ouvre l'album en présentant le thème dramatique de la bande originale, une mélodie descendante pleine de mélancolie des cordes, illustrant le drame à l'origine de l'histoire : l'accident tragique de train. Il évoque également un homme mélancolique cherchant à définir son identité réelle. Cette mélancolie est constamment présente dans la musique du film. 'Visions' correspond en réalité à la scène de la gare où David a des visions en touchant les mains des gens, révélant l'identité du tueur d'une famille américaine. Howard intensifie progressivement son thème, le rendant de plus en plus dramatique, captivant ainsi l'attention du spectateur sur un des moments cruciaux du film. La rythmique rappelant le rap/la techno se met alors en place progressivement (on peut se demander pourquoi JNH a jugé bon d'inclure cette partie percussive dans la bande originale?), tandis que David, confronté à ses visions, voit la musique s'assombrir. Il prend conscience de ses capacités réelles, une révélation qui le terrifie profondément. James Newton Howard démontre une grande habileté dans l'illustration de cette séquence clé du film, une ambiance retrouvée dans 'Incassable' (piste 6). Un autre thème apparaît au début de l'album et du film, celui d'Elijah, un léger motif de piano semblant refléter la fragilité physique de ce personnage mystérieux. Dans 'Bonne nuit', Howard utilise un thème au violoncelle plus mystérieux, voire sombre, laissant planer le mystère autour du secret de David.

'Le Naufrage' permet de réitérer le thème dramatique alors que David découvre un morceau de l'épave du train, cherchant à comprendre comment il a survécu à cet événement. On ressent toute la mélancolie dans son regard face à cette scène dévastatrice. Le spectateur accompagne l'épreuve initiatique que doit affronter David pour découvrir sa véritable identité. Tout au long de son périple, un thème ascendant et mystérieux se fait entendre, émergeant de manière fugace parfois dans les cordes, au piano (à la fin de 'Second Date') et même à la trompette. L'auditeur ignore encore la signification exacte de ce thème, errant comme une entité indéfinie au sein de la musique d'Howard. Cette subtilité se révèle astucieuse, car la révélation survient finalement dans 'Le Naufrage' et surtout dans 'L'Homme en Orange'. À ce moment, le thème se déploie pleinement : c'est un thème héroïque. Le secret étant dévoilé, la musique adopte une tonalité révélatrice à l'image de cet éclaircissement. Le thème gagne alors en puissance grandiose, évoquant davantage la grandeur que le véritable héroïsme. Dès le début, Howard a en réalité placé la solution de l'énigme "sous" les oreilles du spectateur/auditeur ; l'une des clés de l'énigme réside en fait dans ce thème, qui tout comme David, semble chercher avant de trouver sa forme réelle dans 'Le Naufrage', 'L'Homme en Orange' et 'Générique de fin', tout comme dans une autre scène cruciale pour le mystère, celle où David soulève des charges toujours plus lourdes sous le regard émerveillé de son fils, dans 'Entraînement'. C'est à travers de tels moments que l'on réalise pleinement la grandeur du compositeur qu'est James Newton Howard, et cette approche réussie du film démontre une nouvelle fois son talent pour sublimer les atmosphères et mener une interprétation pertinente des images, de manière toujours très efficace, sans forcément chercher à innover.

Une grande partie de l'album conserve une tonalité mélancolique, comme le montrent 'Reflet d'Elijah' ou 'Audrey en marche' avec ses magnifiques cordes et piano. Avec 'Pris au dépourvu', c'est le moment avec l'homme en orange dans la maison saccagée d'une famille. Howard insuffle un sursaut orchestral terrifiant, concluant de manière chaotique l'un des passages les plus angoissants de l'album. Le film tire sa conclusion, tout comme l'album, avec 'M. Glass/Générique de fin', révélant la conclusion finale : le thème mystérieux d'Elijah se trouve dans une atmosphère sombre de révélation, que David aura du mal à assimiler. Howard poursuit ensuite avec le générique de fin, rappelant son thème dramatique et sa rythmique rappelant le rap/la techno, ainsi que le thème grandiose de la révélation (notons ici la subtile transition du thème d'Elijah au piano au milieu de ce morceau).

par Quentin Billard


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