,@,the_burbs,goldsmith, - Les Banlieusards (Jerry Goldsmith), les notes surréalistes d'un Quartier Excentrique Les Banlieusards (Jerry Goldsmith), les notes surréalistes d'un Quartier Excentrique

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par Quentin Billard

- Publié le 01-01-2008




The 'burbs marque la cinquième collaboration de Jerry Goldsmith avec Joe Dante pour l'un des scores les plus délirants du compositeur pour un film de Dante. 

Pour The 'burbs, Goldsmith décide de renouer avec le style de Gremlins en mélangeant l'orchestre avec une multitude de sonorités du synthétiseur typique du Goldsmith du milieu des années 80. Le mélange synthé/orchestre est parfait dans ce score et donne une "couleur" très spéciale au film. Ce qui frappe d'entrée après la première écoute du score dans le film, c'est la multitude de thèmes qui jalonnent toute la partition: un thème ténébreux d'orgue pour les Klopeks (suivi d'un motif menaçant de cuivres), un thème des voisins exprimant leur curiosité, un thème de marche exprimant leur détermination à rentrer en "contact" avec les Klopeks, un thème du quartier plutôt enjoué (qui ouvre et conclut le film), un thème western surprenant possédant un côté héroïque qui nous renvoie aux anciennes partitions western du Goldsmith des années 60/70 et un thème de 3 notes de trompette en écho emprunté au fameux score de Patton de Goldsmith, le maestro faisant ici une allusion amusante et ironique à son excellente partition composé pour le film de Schaffner en 1970.

Evidemment, qui dit musique pour un film de Joe Dante dit forcément délire en tout genre, et The 'burbs n'échappe pas à la règle: après un Main Title sombre introduisant ce grand thème d'orgue illustrant de manière ironique le côté mystérieux et sombre des Klopeks (Goldsmith fait une allusion ironique aux musiques des vieux films d'horreur/fantastique des années 50 où l'utilisation d'un orgue pour donner un côté gothique et ténébreux aux histoires de maison hantée -par exemple- était un véritable cliché, aujourd'hui complètement dépassé. En agissant de la sorte, Goldsmith fait carrément passer la maison des Klopeks pour le manoir du comte Dracula), le maestro nous invite à rentrer dans ce petit quartier en apparence tranquille (du moins au début) à l'aide d'un petit thème enjoué (Goldsmith nous renvoie au Main Title similaire d'esprit de Poltergeist - 1982 - où l'on apercevait de la même façon un petit quartier américain tranquille avec le cliché des gosses qui passent en vélo dans la rue) entendu dans 'Welcome To Mayfield Pl.' sur une sonorité de synthé typique de Goldsmith soutenu par un rythme de sampler de synthé imitant l'aboiement d'un chien (chose un peu étrange dans le morceau, mais l'effet humoristique est très réussi à l'écran). Evidemment ici, Goldsmith se tape un gros délire pour cette séquence où l'on voit justement le chien d'un voisin faire ses petits besoins dans un jardin. 'Welcome To Mayfield Pl'. est la première grosse touche d'humour du score et ce n'est qu'un début. Cette ouverture enjouée (après un 'Main Title' assez sombre et mystérieux s'ouvrant sur des sonorités métalliques/électroniques plutôt bizarres, le motif menaçant des Klopeks étant introduit ici aux cordes et se prolongeant vers la fin sur une allusion au motif de trompette en écho de Patton) permet au maestro d'asseoir les premiers grands thèmes de sa partition, même si de tous les thèmes présent dans le score de The 'burbs, celui des Klopeks reste le plus utilisé. 'New Neighbors' continue de développer le côté intriguant des Klopeks et des voisins qui se posent beaucoup de questions: qui sont ils, pourquoi ne se montrent-ils pas, pourquoi leur maison fait elle autant de bruit le soir, etc. Goldsmith continue à développe le thème d'orgue exposé ici de manière plus lente et intriguante aux cordes.

Le thème des voisins va progressivement se développer, un petit thème sautillant et léger exprimant la curiosité grandissante des voisins, curiosité qui va se transformer en paranoïa excessive. Dans 'Neighborhood Watch', le thème est entendu sur un violon soliste qui se fait discret à l'image des voisins qui espionnent la maison des Klopeks, ce petit thème étant tout le temps associé à la curiosité des voisins comme une sorte de petit leitmotiv qui, mine de rien, résume à lui tout seul tout le côté paranoïaque des habitants du quartier. (Goldsmith nous proposera quelques variations instrumentales intéressantes de ce thème dans la dernière partie du film et du score) On notera l'étrange 'Ray Peterson, Neighbour From Hell', morceau décrivant la séquence du cauchemar de Ray qui s'imagine être cuit par les Klopeks sur un immense barbecue (les voisins soupçonnent les Klopeks d'être des cannibales). Pour cette scène de cauchemar, Goldsmith utilise un rythme de tambour d'esprit indien suivi par un motif de vents et une voix de femme soliste plutôt étrange, donnant clairement ici une impression surréaliste à la scène - un autre passage étrange et amusant, nous prouvant une fois encore que Goldsmith semble vraiment s'être bien éclaté sur ce score délirant.

Le motif de trompette en écho de Patton est associé quand à lui au personnage de Mark Rumsfield (Bruce Dern), l'un des voisins du quartier qui se trouve être un ancien militaire à la retraite, d'où l'utilisation ironique de ce motif de Patton qui fait clairement passer ce personnage pour un véritable général de l'armée (une autre touche d'humour du compositeur), quelque chose que Goldsmith va pleinement développe dans le superbe 'The Assault' lorsque les voisins partent à l'assaut de la maison des Klopeks afin de découvrir le mystère que renferme cette sinistre demeure. Organisé sous la forme d'une gigantesque opération militaire, la séquence de l'assaut est donc illustré par un ostinato rythmique plutôt amusant s'amusant à pasticher la musique militaire (même si les vents et les cordes avec le synthé sont plus mis en avant ici que les cuivres). S'ouvrant sur le motif de Patton lié à Rumsfield, le morceau développe avec la percussion militaire le petit ostinato de vents soutenant un petit thème de synthé amusant lié à l'opération militaire organisé par les trois voisins et qui donne un côté évidemment ironique à cette séquence. On retrouve alors le thème de la curiosité exposé ici aux hautbois alors que Ray et son complice passent derrière la maison en escaladant la clôture.

On ne pourra pas passer à côté du superbe et hilarant 'Klopek House', faisant intervenir le thème western associé à Ray Peterson alors que ce dernier se rend pour la première fois à la maison des Klopeks afin de les rencontrer et d'essayer de nouer le contact avec ses nouveaux voisins. Apeuré, lui et un de ses voisins marchent en direction de la maison, Goldsmith s'amusant à nous montrer grâce à sa musique que les deux compères accomplissent ici une sorte d'exploit héroïque: rencontrer leur nouveau voisin. Evidemment, on a à faire ici à une nouvelle touche d'humour du compositeur qui nous expose son thème western héroïque (avec un petit côté majestueux à la Morricone) à l'orchestre suivi de quelques coups de pistolets étonnant, renforçant le côté thème de cow-boy du morceau. Ce thème reviendra vers la fin pour évoqué la détermination de Ray à découvrir la vérité sur les Klopeks et la mystérieuse disparition de Walter Seznick, un habitant du quartier. L'autre thème amusant est celui de la marche des voisins, petit thème souvent joué lui aussi au synthé (comme le thème western même si 'Klopek House' nous propose ici une version orchestrale du thème avec les bruits de pistolet) et que l'on entend de manière très amusante lorsque tous les voisins du quartier se décident finalement à venir rendre visite une bonne fois pour toute aux Klopeks. Finalement, 'Runaway Ambulance' et 'Vacation's End' proposent un final adéquat à cette histoire délirante, 'Runaway Ambulance' étant un des rares passages d'action du score pour la séquence finale dans l'ambulance et 'Vacation's End' nous proposant un final plus cool et détendu après cette aventure agitée. Le 'End Titles' propose quand à lui un superbe récapitulatif des principaux thèmes du score amorcé par une reprise orchestrale du très joli thème du quartier avec des cordes enjouées.

Ce qui fait le charme du score de The 'burbs ce n'est pas tant la richesse thématique de la partition ou son côté ironiquement fantaisiste mais bien la diversité des situations musicales et des ambiances. On passe aussi bien du mystère frissonnant avec le thème d'orgue au motif militaire de Patton en passant par la jovialité inventive d'un morceau comme 'Welcome To Mayfield Pl'. ou un amusant 'The Assault' pastichant le style militaire. Rien n'y manque dans ce score et si The 'burbs fait partie de ces BO de Goldsmith que la majorité des béophiles apprécient, c'est avant tout grâce à son inventivité rafraîchissante et à son humour typique du compositeur qui ne s'est absolument pas pris au sérieux sur ce film. The 'burbs constitue donc le parfait classique du genre et il s'agit probablement là de la meilleure partition que Goldsmith ait écrit pour un film de Joe Dante. Alors un conseil: si vous ne connaissez pas encore ce petit bijou, foncez l'écouter et prenez le temps de découvrir ce très sympathique film au passage !

par Quentin Billard


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