,@,big_fish,elfman, - Big Fish (Danny Elfman), un doux romantisme Big Fish (Danny Elfman), un doux romantisme

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par Quentin Billard

- Publié le 01-01-2008




Danny Elfman retrouve Tim Burton après "Pee Wee Big Adventure" (1985), "Beetlejuice" (1988), "Batman" (1989), "Edward aux Mains d'Argent" (1991), "Batman, le Défi" (1992), "Mars Attacks" (1997), "Sleepy Hollow" (2000), "La Planète des singes" (2001), avec un orchestre, un piano et un fiddle (violon de l'americana) qui évoque les péripéties fantastiques de Ed Bloom.

'Pictures' annonce le ton intimiste du score, ton intimiste qui nous renvoie ici à 'Black Beauty', 'Good Will Hunting' ou 'Sommersby', écrit ici pour des cordes chaleureuses touchantes, mais sans aucune originalité de la part d'un compositeur que l'on a pourtant connu autrefois plus inspiré. Le 'Big Fish (Titles)' nous introduit à cette histoire avec un joli travail de sonorité autour des cordes, des sonorités cristallines diverses et du fiddle évocateur de l'imagination du héros. On ressent ici un certain mystère au sein d'une ambiance envoûtante typique du score de 'Big Fish' (on peut au moins donner un bon point au score pour cette raison). Dans 'Shoe Stealing', Elfman nous donne même à entendre des sonorités country avec le lot habituel de fiddle, banjo, basse, percussions et orchestre, évoquant une fois de plus les aventures d'Ed à travers une bonne partie des Etats-Unis de son enfance.

'Underwater' est quant à lui plus tendu, avec son mélange de cordes sombres, de flûtes et de piano intrigant nous introduisant un nouveau thème assez mystérieux pour l'intrigante séquence de la femme poisson. C'est là qu'Elfman en profite pour utiliser une chorale légère qui évoque à son tour l'univers fantaisiste du récit d'Ed Bloom. Mais l'élément incontournable du score est sans aucun doute le 'Sandra's Theme', attribué à la fille dont Ed tombe amoureux et qui deviendra sa future femme. Il ne fait nul doute que 'Sandra's Theme' séduira tous les amateurs de belles mélodies agréables et romantiques, mais risquera une fois encore de décevoir tout ceux qui s'attendent à retrouver le Danny Elfman à l'inspiration débridée que l'on a connu à la fin des années 80 et au début des années 90. 'The Growing Montage' réutilise à son tour la chorale avec l'orchestre au sein d'une atmosphère toujours envoûtante qui ne cache pas son goût pour l'aventure et l'enthousiasme, tout à l'image du personnage d'Ed Bloom.

On retrouve les sonorités country dans 'Leaving Spectre' et ses sonorités dissonantes, tandis que le retour d'Ed dans la ville de Spectre se fait sur un ton plus intrigant avec guitares, percussions, fiddle et orchestre où l'on retrouve l'intrigant motif de 'Underwater' (il s'agit en fait du 'Jenny's Theme', attribué dans le film au personnage interprété par Helena Bonham Carter). Elfman prolonge son ambiance country héritée de 'Sommersby' dans 'Rebuilding' pour la séquence où Ed aide les habitants de Spectre à reconstruire leur ville. Fiddle, guitares, percussions et cordes sont mis en avant pour évoquer la détermination de Ed et de ses exploits (il sauve toute une ville à lui tout seul). 'The Journey Home' fait la part belle aux percussions martiales avec un orchestre oscillant entre le sombre et l'intimiste pour le retour d'Ed chez lui après la guerre, le morceau refaisant intervenir le très beau 'Sandra's Theme', évocateur du puissant amour d'Ed pour Sandra. Un morceau comme 'In The Tub' est très représentatif quand à lui du style de 'Big Fish', avec son mélange cordes/vents/guitare/basse/piano à la fois intimiste et légèrement dramatique (reflet nécessaire de l'histoire du père et du fils). L'histoire trouve sa conclusion sur le poignant 'Sandra's Farewell' (suivi du 'Finale' et d'un sympathique 'End Titles' plus rythmé) où revient le thème de Sandra pour l'un des plus beaux morceaux du score, dont l'unique défaut est de charger de manière un peu lourde les images d'un certain sentimentalisme typiquement hollywoodien et parfois trop empathique pour les images souvent plus subtiles du film de Tim Burton.

Le principal reproche que nous pourrons ainsi formuler ici est le manque d'originalité de cette composition symphonique et une tendance au conventionnalisme hollywoodien de plus en plus agaçant chez Elfman. Comme dans les récents 'Planet of The Apes', 'Men In Black II' ou 'Red Dragon', la musique du compositeur se fond dans un moule et n'en sort plus, sauf à de rares exceptions près. Evidemment, on pourra parler ici d'évolution, ou peut-être de régression. 'Dolores Claiborne' constituait l'exemple même de l'évolution de la musique d'Elfman. 'Big Fish' pourrait représenter une régression dans la musique d'Elfman, qui n'ose plus s'aventurer désormais hors des sentiers battus, même si des scores récents tels que 'To Die For' nous prouvent que le compositeur n'a pas complètement perdu de son inspiration fantaisiste et farfelue. Ce constat assez sévère doit néanmoins être tempéré par le fait que la musique est effectivement très belle et assez rafraîchissante, mais sans le génie créatif du compositeur qui brillait de mille feux dans 'Edward Scissorhands'. Avec un film aussi émouvant, fantaisiste et magique, on était en droit à s'attendre à un nouveau chef-d'oeuvre de la part du compositeur. Au lieu de cela, Elfman nous livre une partition sympathique mais archi conventionnelle et sans aucune imagination, qui colle bien à l'histoire mais qui a aussi tendance à surcharger le film d'un certain sentimentalisme parfois envahissant et lourd, d'autant que le 'Sara's Theme' ressemble étrangement à un thème entendu dans le superbe 'Resident Evil Orchestra Album' de Masami Ueda, et plus particulièrement dans le thème de piano de 'Peace of Mind', extrait du score pour le jeu vidéo 'Resident Evil 2'. Une coïncidence? Probablement, mais une coïncidence assez troublante. On serait presque tenté de dire que la musique ne convient pas toujours au film de Tim Burton. Au final, voilà une déception bien difficile à avaler après celle de 'Planet of The Apes' (d'autant plus que l'on a même du mal à comprendre pourquoi le score a put reçevoir autant de bonnes critiques, même de la part des inconditionnels du compositeur). Espérons que ces deux faux pas sur des films de Tim Burton ne sont que provisoires et qu'ils ne servent qu'à nous faire (difficilement) patienter en attendant le nouveau monument musical du compositeur sur le prochain Tim Burton.

par Quentin Billard


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