,@,scream,beltrami, - Scream (Marco Beltrami), le cri derrière le masque Scream (Marco Beltrami), le cri derrière le masque

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par Quentin Billard

- Publié le 01-01-2008




Marco Beltrami rencontre Wes Craven avec lequel il lance la saga horrifique, avec une musique qui s'impose dès le début par une puissance orchestrale redoutable due à des orchestrations parfois assez inventives et des combinaisons instrumentales plutôt personnelles.

La trilogie des 'Scream' doit énormément à la musique de Marco Beltrami, jeune italien originaire de Fornero alors âgé de 28 ans lorsqu'il compose la musique de 'Scream'. Ses premières partitions pour le cinéma ont été écrites pour des petits films mineurs tels que 'Death Match', 'The Bicyclist' ou le téléfilm 'Inhumanoid'. C'est avec 'Scream' que Marco Beltrami fut révélé au public béophile avec une première grosse partition orchestrale majeure qui secoua tout le monde des musiques de film d'horreur hollywoodiennes et imposa une certaine patte orchestrale qui allait redevenir à la mode à Hollywood (un peu comme lorsque Goldenthal écrivit son splendide 'Alien3' en 1992).

La musique de 'Scream' s'impose dès le début du film par une puissance orchestrale redoutable due à des orchestrations parfois assez inventives et des combinaisons instrumentales plutôt personnelles. Beltrami n'hésite pas par exemple à faire intervenir les vents souvent laissés de côté dans ce genre de grosse partition orchestrale agitée, de même que les cuivres sont souvent utilisés de manière massives dans l'aigu avec les fameux 'cuivres hurleurs' chers au compositeur, une sorte de manière de jouer musicalement sur le titre du film, 'Scream' ('crier', en anglais, d'où le masque du tueur, inspiré du 'cri' d'Edvard Munch). C'est l'incroyable prologue de 10 minutes qui attire ici toute notre attention avec son climat de peur omniprésente basée sur un long crescendo de terreur macabre. Entre sursauts et tension permanente, le morceau impose un impact émotionnel rare durant ce prologue, entièrement portée par la mise en scène de Wes Craven et le morceau inégalable de Beltrami.

Pour un compositeur qui n'avait encore jamais écrit une seule musique de film d'horreur (d'autant qu'il n'a jamais été très attiré par ce genre cinématographique à l'origine), c'est une bien belle réussite qui ouvre le film en imposant des orchestrations originales et une personnalité musicale que l'on reconnaissait déjà même à ses débuts. A noter que le prologue se termine sur une véritable lamentation chorale/orchestrale absolument poignante pour la mort de Casey, une sorte de bref 'Requiem' déchirant qui annonce déjà la dimension plus dramatique de la musique de 'Scream', et qui, au passage, semble se lamenter tristement sur la bêtise humaine.

La partition de 'Scream' contient le plus beau thème que le compositeur ait jamais écrit pour le cinéma, le thème de Sidney. Exposé dans le sombre 'Sidney's Lament' (entendu durant le générique de fin), ce thème d'une profonde tristesse est confié à la voix de la soliste Rose Thompson qui personnifie toute la féminité et la fragilité du personnage brillamment interprété par Neve Campbell. On notera l'utilisation de sons électroniques particulièrement macabres en arrière-plan sonore, qui rappellent le côté horrifique du film. Evidemment, le score de 'Scream' se distingue par la qualité de ses nombreux morceaux de terreur et de suspense, comme le tendu 'Altered Ego' pour la confrontation finale avec le tueur, le morceau exposant fièrement toute la férocité orchestrale de la musique de Beltrami et de ses orchestrations recherchées ('vagues' de vents, utilisation très appuyé des sourdines, des trompettes dans l'aigu, des 'blocs' massifs de trombones/cors, des cordes stridentes, etc.). Beltrami crée une véritable couleur orchestrale qui sera prédominante tout au long du film, le même genre d'atmosphère de terreur lourde que l'on retrouvera dans l'excitant et massif 'Chasing Sidney' (à noter ces rythmes de cuivres/percussions syncopés, typiques des musiques d'action/terreur de Beltrami) pour une scène où le tueur poursuit Sidney chez elle (à noter le rôle des effets électroniques toujours utilisés en arrière-plan sonore afin d'accentuer le côté terrifiant et paniquant de la musique).

Loin de simplement se contenter de faire hurler son orchestre, Marco Beltrami apporte une véritable dimension émotionnelle au film, car entre deux déchaînements orchestraux, le compositeur n'hésite pas à glisser le poignant 'A Cruel World' qui évoque l'isolement de Sidney, tentant d'oublier les mauvais souvenirs qui resurgissent après les premiers meurtres. Le morceau s'impose ici par la fragilité de sa ligne mélodique de piano accompagnée par une harpe, quelques cordes et la voix féminine liée à Sidney. C'est cette tristesse quasiment introspective qui apporte une émotion rare dans ce score horrifique, Beltrami ayant ainsi parfaitement su retranscrire toute la dimension dramatique et humaine de l'histoire, liée au personnage de Sidney Prescott, apportant par la même occasion un relief considérable au score. 'Trouble In Woodsboro' s'impose aussi par son ambiance plus mystérieuse où Beltrami dévoile ici une autre facette de son style, celle des rythmiques électroniques pop et des synthés modernes. La rythmique et les synthés évoquent bien évidemment ici l'univers musical des adolescents de Woodsboro dans la scène où l'on découvre que Casey et son petit ami ont été assassinés. L'ambiance qu'apporte la musique dans cette scène est particulièrement excitante, un mélange de mystère inquiété et d'appréhension dont seul Beltrami possède les secrets. Pour finir, on ne pourra pas passer à côté du magnifique 'Nc-17' illustrant la scène d'amour entre Sidney et Billy Loomis (Skeet Ulrich), basé sur une nouvelle reprise vocale poignante du thème de Sidney sur fond de rythmiques électroniques modernes plus sensuelles. Toute la beauté et la fragilité du personnage de Neve Campbell sont illustrées ici dans ce morceau magnifique, véritable morceau incontournable du score de 'Scream'.

par Quentin Billard


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