Dans leur douzième collaboration, Howard Shore et David Cronenberg nous présentent une partition orchestrale envoûtante, dominée par un thème principal mélancolique interprété au violon soliste. Ce thème, joué avec brio par Nicola Benedetti, est enrichi par des cordes, une harpe et un dulcimer, apportant une nuance d'Europe de l'Est à l'ensemble. La musique de Shore, à la fois subtile et retenue, réussit à saisir l'essence du film, oscillant entre tension, mystère et émotion. Elle illustre parfaitement le double jeu du personnage de Viggo Mortensen ainsi que l'ambiance sombre et complexe de cette histoire de meurtres et de trahisons.
Shore introduit aussi d'autres thèmes, notamment celui de Tatiana, une jeune fille décédée qui est au cœur de l'intrigue. Ce thème est plus vif et rythmé, toujours soutenu par le violon soliste et le dulcimer. Le compositeur parvient à insuffler des accents de folklore musical russe, enrichissant ainsi l'expérience visuelle du film. Un autre morceau à noter est "London Streets", qui évoque les ambiances musicales sombres et psychologiques typiques des œuvres de Cronenberg.
La musique atteint son apogée dans le morceau final, "Nine Elms", une composition de plus de six minutes où Howard Shore propose une superbe partie de violon tourmenté sur un fond d'orchestre sombre. Lorsque le père retrouve sa famille dans le silence, les notes remplacent les mots, reflétant à merveille les émotions tourmentées, amères et solitaires des personnages. "Eastern Promises" est une œuvre brillante qui témoigne de la synergie entre Shore et Cronenberg. Bien que la partition ne se distingue pas par son originalité, elle excelle dans sa capacité à évoquer une gamme d'émotions complexes, du mystère à la mélancolie. Le violon soliste et le thème principal sont particulièrement marquants, faisant de cette partition une nouvelle réussite dans la longue collaboration entre le compositeur et le réalisateur.
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