Pour commencer, pouvez-nous dire quelques mots sur la production de FOLLOWING ? Vous avez dit : « le budget total de la musique de ce film avoisinnait les huit dollars ! »...
Tout le monde a travaillé gratuitement sur FOLLOWING : Chris a fait le film avec un très petit budget, il l'a financé lui-même en grande partie. Toute l’équipe était des amis qui étaient heureux de donner de leur temps pour ce projet, on pouvait emprunter du matériel, obtenir une salle de montage gratuitement ; la seule chose qui a été payé était la pellicule et le traitement du film. Par conséquent ma plaisanterie au sujet du budget de la musique étant le coût d'une bande vierge de DAT ! J’avais un studio à la maison donc je pouvais écrire et enregistrer sans frais supplémentaires.
Avez-vous été impliqué dans la création du disque dédié à votre collaboration avec Christopher Nolan paru chez Cinéfonia ?
J'ai effectivement travaillé avec Cinefonia sur ce disque, en remontant une partie de mes musiques inédites afin que l'ensemble soit mis en valeur. Malheureusement j'ai entendu dire que le label a fait faillite depuis…
Pour LE PRESTIGE, vous composez une musique essentiellement atmosphérique : pourquoi ce choix ?
L’une des premières notes que Chris m’a transmise à propos de la musique disait qu’il ne voulait pas de musique d’époque. Le film se déroule à une période précise mais ce n’est pas ce je ne l'appellerais un film d’époque au sens traditionnel. Dès le début, j'ai su qu’il fallait combiner l'orchestre avec beaucoup d'électronique pour créer l’effet que nous voulions.
Comment avez-vous décrit musicalement la magie dans le film ? De quelle manière avez-vous utilisé l’électronique, notamment ?
Nous avons voulu que le score reflète ce sens de l'anticipation dans le tour de magie qui va se dérouler sous nos yeux. Nous avons parlé du son d'un orchestre qui s’accorde. Après quelques expérimentations, j'ai fini par trouver le son et l’effet recherché en créant des samples fortement traités numériquement. Tout ceci a ensuite été combiné avec un effet acoustique connu sous le nom de « tonalité de Shepherd », une sorte d’effet d’élasticité d'une tonalité qui monte sans fin. J'ai trouvé que cet effet fonctionnait bien avec l'atmosphère et les thèmes orchestraux.
Pouvez-vous nous expliquer le rôle de Hans Zimmer en tant que « producteur » sur cette musique ? Avez-vous travaillé à Remote Control ?
Oui, c'était le premier projet que j'ai enregistré à Los Angeles. J'ai terminé la musique dans l’une des salles de composition de Remote Control. C’était sympa d'avoir Hans dans le fond dans la salle, en train de faire quelques suggestions et discuter des différences d'enregistrement entre Los Angeles et Londres !
Quelles scènes avez-vous le plus travaillé musicalement ?
Souvent les choses les plus simples sont les plus dures. Le thème au piano pour Sarah a changé et évolué constamment. Je me souviens de changements à la dernière minute avec Chris la nuit juste avant l’enregistrement... Le morceau le plus facile a écrire était « The Light Field » qui a été composé avant que j'aie vu la moindre image et qui est presque tel quel dans le film.
Qu’est-ce qui vous a inspiré sur le film ? Plutôt l’image (décors), le jeu des acteurs, l’histoire ?
Tout à la fois : j’appréhende le film dans son ensemble et j'essaie de m'immerger dans l'expérience du film, dans son ambiance.
Pour finir, quels sont vos projets ?
Je viens juste de terminer la musique du film OUTLAW, réalisé par Nick Love. J’ai aussi d’autres projets pour 2007 que je confirmerai bientôt.
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