Alien 3 (Elliot Goldenthal, 1992), une part de sacrée dans le Cauchemar de Ripley

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- Publié le 01-01-2010




Elliot Goldenthal signe son unique BO pour David Fincher qui réalise son premier film et renoue avec l'horreur après "Simetierre" (1989).

La partition d'Elliot Goldenthal pour "Alien 3" marque un tournant dans sa carrière, établissant sa réputation de compositeur avant-gardiste. Sombre et tragique, la bande originale est riche, envoûtante et puissante. Elle pose les bases du style unique de Goldenthal, caractérisé par des orchestrations audacieuses et une exploration de sonorités dissonantes. Le compositeur, ancien élève de Copland et Corigliano, a eu le temps de mûrir sa partition, créant une œuvre d'une noirceur rare pour le cinéma.

Alternant entre atonalité, tonalité et expérimentation, "Alien 3" reflète le génie d'un compositeur qui a trouvé dans le film sombre de Fincher l'occasion de laisser libre cours à son inspiration. L'Agnus Dei du générique d'ouverture illustre parfaitement cette approche. Goldenthal y évoque la foi des prisonniers, menés par Dillon, face à la mort inéluctable représentée par l'alien.
L'Agnus Dei, chant religieux latin, est transformé en un chant macabre. La mélodie grégorienne se mêle à une atmosphère noire et dissonante, créée par un mélange de synthétiseur et d'orchestre. Cette approche novatrice et originale pour une musique hollywoodienne reflète le faux espoir des prisonniers condamnés. L'Agnus Dei devient aussi une métaphore musicale de Ripley, symbole christique sacrifié pour apporter la paix.

La thématique n'est pas centrale dans cette partition atonale et expérimentale. Cependant, le motif de l'Adagio, trois notes ascendantes, apparaît dans les moments tragiques. Goldenthal évite les thèmes faciles pour renforcer le caractère déroutant de sa musique. "Lento", autre morceau religieux, est poignant. La voix d'un jeune garçon soprano chante un Agnus Dei désespéré, accompagné de cordes, piano et hautbois. "Lento" évoque le lien entre Ripley et Clemens, deux êtres solitaires en quête de paix. La musique souligne leur errance respective et leur tentative de réconfort mutuel. Le destin tragique de Ripley, privée d'une vie sentimentale normale, est également mis en avant. Cette dimension dramatique est unique dans les musiques des trois "Alien", ni Goldsmith ni Horner n'ayant exploré une telle émotion. "Lento" accompagne la visite de Ripley à la fonderie, puis la crémation de Newt et Hicks. Goldenthal crée un climat poignant avec des cordes sombres, exprimant la douleur de Ripley. La scène est mise en parallèle avec la naissance de l'alien, créant une opposition entre vie et mort. La musique de Goldenthal utilise des sonorités dissonantes et menaçantes pour représenter la créature.

"Lullaby Elegy" renforce la dimension dramatique du score. Le piano, dans un nocturne désolé, exprime la tristesse de Ripley face au corps de Newt. Goldenthal opte ici pour la retenue et la fragilité, plutôt que de réutiliser l'Agnus Dei. "First Attack" débute avec vents, harpe et cordes, illustrant la récupération des corps. La seconde partie, terrifiante, évoque la première attaque de l'alien. "Candles In The Wind" accompagne une autre scène de tuerie. Les sonorités profondes du synthé créent un climat glauque et claustrophobique. L'écriture orchestrale de Goldenthal, avec ses effets de col legno et ses glissendi, renforce la terreur. Le morceau se termine dans le chaos alors que l'alien tue un autre prisonnier. Goldenthal poursuit son exploration d'une écriture atonale et expérimentale dans le reste de la partition.

 


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