"Alien Resurrection" marque un nouveau chapitre musical dans la saga, avec John Frizzell aux commandes. Fort de son expérience en séries TV et films, Frizzell est choisi pour son style massif et inventif, proche de "Dante's Peak". Le jeune compositeur relève le défi avec une partition symphonique monumentale, mêlant orchestrations avant-gardistes et électronique audacieuse. Dès le "Main Title", Frizzell présente le thème de Ripley, sombre et envoûtant, sur des images glauques. Des cordes amples et un univers synthétique inquiétant renforcent l'atmosphère cauchemardesque. Le thème, construit sur des quartes, se révèle complexe et mémorisable après plusieurs écoutes.

Le thème de Ripley est double : une partie sombre, avec des cordes glaciales et des voix féminines évoquant son humanité perdue, et une partie héroïque, portée par les cuivres, illustrant ses exploits. Ce thème reflète la nature hybride et la détermination de Ripley, confrontée à sa nouvelle existence mi-humaine mi-alien. Frizzell compose un second thème, plus intime et mélancolique, pour l'androïde Call. Les notes descendantes évoquent sa sensibilité et la fragilité de son personnage. Ce thème souligne l'ironie d'un androïde plus humain que les hommes du futur, dépassés par la technologie. Un clin d'œil au thème de Goldsmith de 1979 est présent lors de la découverte du corps de Ripley.

Deux motifs rythmiques sont associés aux aliens. Le premier, entendu dans "Alien Escape", est tendu et confié aux trombones, accompagnant les moments les plus intenses. Le second, dans "The Battle With the Newborn", est massif et menaçant, illustrant le nouveau-né alien. Frizzell explore également l'électronique, créant des sonorités inédites, alliant sensations organiques et crépitements viscéraux. La musique de "Alien Resurrection" est puissante, chaotique et agressive, reflétant la brutalité des aliens et les dangers affrontés par les héros. "Aliens Escape" et "They Swim" sont des exemples marquants. "Aliens Escape" distille terreur et chaos, avec un orchestre déchaîné et des synthés inquiétants. "They Swim" accompagne la séquence sous-marine avec une intensité féroce.

Frizzell fait preuve d'une maîtrise impressionnante de l'orchestre, avec des orchestrations complexes et virtuoses. Son approche avant-gardiste rappelle la musique atonale du 20ème siècle. Des morceaux plus sombres et atmosphériques, comme "Face Hugger", évoquent le suspense et l'horreur, avec des sonorités glauques et l'utilisation d'instruments rares comme le Rub Rods. "Alien Resurrection" est une partition colossale et démesurée, où chaos et terreur côtoient un lyrisme sombre. Frizzell renouvelle l'approche musicale de la saga, réinventant des effets électroniques et instrumentaux pour représenter les aliens. Sa musique, complexe et riche en détails, mérite d'être réévaluée. Bien que moins innovante que celle de Goldenthal, elle reste un solide opus dans l'univers musical d'"Alien".