Beetlejuice (Danny Elfman), l'empreinte musicale d'un duo iconique

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- Publié le 01-01-2020




Danny Elfman retrouve Tim Burton après "Pee Wee Big Adventure" (1985), un an avant de se retrouver sur "Batman" (1989), avec une musique excentrique adaptée à l’univers décalé du film, qui inclut des instruments variés et des motifs mélodiques frappants, mêlant des thèmes accrocheurs à des arrangements orchestraux étonnants, tout en conservant une touche d'absurde.  On y entend aussi des chansons emblématiques interprétées par Harry Belafonte, qui s'intègrent parfaitement à l’univers du film. 

C'est avec "Beetlejuice" que Danny Elfman a véritablement conquis le cœur du public aux côtés de Tim Burton, bien qu'il ait déjà composé pour "Pee-Wee Big's Adventure" en 1985. Cette collaboration a marqué un tournant, révélant l'étendue du talent d'Elfman et son style novateur. Il a créé une partition reflétant parfaitement l'univers du film : à la fois folle, fantaisiste, décalée, sombre, mystérieuse et entraînante.

Fidèle à son habitude, Elfman a construit sa musique autour d'un seul thème principal, le "Main Title", devenu un classique instantané, démarrant de manière inattendue avec deux voix chantant "Daylight Come and Me Wanna Go Home" (celles d'Elfman et de Steve Bartek du groupe Oingo Boingo), avant de basculer dans un rythme sautillant soutenu par une orchestration originale : piano, tambourin, cuivres, clarinette virevoltante, cordes fluides et cors. Le thème évoque à merveille l'aspect fantaisiste et délirant du film, et surtout, la folie du personnage de Beetlejuice. Ce thème mémorable a été réutilisé dans l'excellente série animée adaptée du film et plus récemment dans la bande-annonce de "Scary Movie".

La seconde partie du "Main Title", dominée par les cuivres (trombones et cors), introduit un chœur sur un rythme de danse russe/fanfare. Cette section aurait été inspirée d'une danse traditionnelle russe. L'instrumentation inventive est un élément clé du score : harpe, violon soliste sur fond de cordes, sons de synthé étranges, orgue à résonance pseudo-gothique... Tout concourt à créer une musique qui épouse le caractère à la fois fantastique et décalé du film, ainsi que son humour noir si caractéristique de Burton.

Initialement empreinte de légèreté, la musique d'Elfman prend une tournure plus sombre, ou plutôt mystérieuse, après la mort du couple. Elfman évite habilement tout aspect macabre, préférant une approche humoristique, à l'image du film lui-même. Les sons de synthétiseur sont particulièrement bien adaptés au climat de mystère qui règne au début, lors de l'arrivée de la famille Deitz et de leur fille Lydia. Pour la scène où Lydia explore le grenier à la recherche des fantômes, Elfman privilégie le mystère en utilisant des sons de synthé étranges, dont un qui évoque un sample de voix. La texture synthétique du score est remarquablement réussie et s'intègre parfaitement à la partie orchestrale.

La musique gagne en intensité lorsque le couple de fantômes rencontre Beetlejuice, le bio-exorciste déjanté. L'utilisation du violon soliste apporte une touche résolument fantaisiste, toujours accompagnée de rythmes ou de sons de synthé bizarres. La scène culte du dîner, où les occupants de la maison se mettent à chanter "Day-O" de Harry Belafonte sur un rythme calypso, est un moment fort du film. "Day-O" et la chanson finale "Jump In The Line" (également de Harry Belafonte) préfigurent l'aspect comédie musicale du futur "L'Étrange Noël de Monsieur Jack" réalisé par Tim Burton en 1993. La musique de la scène délirante du mariage entre Beetlejuice et Lydia est un véritable feu d'artifice, où Elfman déploie tout son talent et son inventivité pendant plus de deux minutes. La magie de certains passages, comme la scène de l'incantation, est sublimée par les cordes, les cuivres, la harpe et les sons de synthé.

 


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