,@,kingdom_heaven,gregson-williams, - Kingdom Of Heaven (Harry Gregson-Williams), entre subtilité et puissance, ombre et lumière. Kingdom Of Heaven (Harry Gregson-Williams), entre subtilité et puissance, ombre et lumière.

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- Publié le 10-10-2020




Harry Gregson-Williams fait la rencontre de Ridley Scott (auparavant compositeur pour le frère du réalisateur, Tony, avec "Ennemis d'Etat", "Spy Game", "Man on Fire"), pour ce film d'aventure historique qui relate le périple de Balian d'Ibelin (Orlando Bloom), un forgeron français du XIIe siècle qui se retrouve propulsé au cœur des croisades en Terre sainte, où il devra défendre Jérusalem contre les armées de Saladin (Ghassan Massoud). Cette musique a suscité beaucoup d'attentes, notamment en raison du changement de compositeur par rapport au précédent film de Ridley Scott, "Gladiator" dont la musique avait été signée Hans Zimmer. 

La musique du film "Kingdom of Heaven" reflète parfaitement le ton intimiste et torturé choisi par le réalisateur pour dépeindre cette fresque historique. Loin des clichés hollywoodiens et des envolées spectaculaires, la partition privilégie les ambiances atmosphériques et les moments de tension latente, à l'image du film qui explore les zones grises de la morale et la complexité des personnages. Gregson-Williams a choisi une voie singulière, plus proche de l'œuvre de James Horner, mêlant orchestre symphonique complet, instruments anciens, chœurs et solistes vocaux.

 Il réussit à transporter l'auditeur au cœur du Moyen-âge, notamment grâce à l'utilisation judicieuse des chœurs. Le Chœur Bach et le Chœur du King's Consort apportent une intensité dramatique indéniable à plusieurs morceaux, chantant parfois en latin, en arabe ou simplement en vocalises.  "Crusaders" et "The Battle of Kerak" rappellent l'utilisation des chœurs dans "The Postman" de James Newton Howard, tandis que "Rise a Knight" et "Coronation" atteignent des sommets de majesté. Les voix, élément central de son travail, sont omniprésentes, qu'il s'agisse de chants liturgiques ou de mélopées envoûtantes.

Gregson-Williams utilise également des instruments anciens comme la viole, un ancêtre du violoncelle, jouée par des membres du groupe Fretwork. On la retrouve dans des morceaux comme "Burning the Past", "To Jerusalem" et "The King". Les quelques scènes d'action sont accompagnées d'une musique plus intense, comme dans "The Battle of Kerak" et "Wall Breached", où percussions, orchestre et chœurs se déchaînent.  L'influence de Media Ventures, dont Gregson-Williams est un ancien membre, se fait sentir dans l'utilisation d'instruments à cordes électriques, de voix masculines graves et du duo duduk/voix  ("A New World", "The Pilgrim Road").

Le compositeur n'hésite ainsi pas à mêler des instruments traditionnels orientaux à des sonorités plus classiques, créant ainsi un dialogue musical entre les cultures.  Si la musique est souvent sombre et mélancolique, reflétant les doutes et la violence de l'époque, elle sait aussi se faire entraînante et lumineuse, notamment lors des scènes de bataille. Des morceaux comme "Ibelin" ou "The Battle of Kerak" témoignent de la maîtrise mélodique du compositeur. Par ailleurs, Ridley Scott utilise des morceaux préexistants, que ce soit L'aria "Vide Cor Meum" de Cassidy, tirée de "Hannibal" (Scott), et le morceau "Valhalla" de Goldsmith, issu de "The Thirteenth Warrior" (Mc Tiernan), illustrant des scènes clés du film avec une puissance émotionnelle. 

Cette collaboration entre Ridley Scott et Harry Gregson-Williams demeure fructueuse, ils se retrouveront par la suite sur "Prometheus" (2012), "Exodus: Gods and Kings" (2014), "Seul sur Mars" (2015), "Le Dernier duel" (2021), "Gucci" (2021), "Gladiator 2" (2024).


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