Né à Alger en 1927, Martial Solal découvre le piano dès son plus jeune âge grâce à sa mère, chanteuse d'opéra. Arrivé à Paris en 1950, il se forge une solide réputation en accompagnant des légendes du jazz comme Dizzy Gillespie et Sonny Rollins. Sa carrière l'amène à se produire dans les clubs les plus prestigieux et les festivals internationaux, dont le célèbre Festival de Newport en 1963.
Parallèlement à sa carrière de musicien, Martial Solal compose pour le cinéma. Si c'est avec Godard et la musique du film "À bout de souffle" (1960), marquant l'avènement de la Nouvelle Vague, qui installe sa réputation, il débute pour le grand écran avec Jean-Pierre Meville sur "Deux hommes dans Manhattan" (1959), cinéaste qu'il retrouve sur "Léon Morin, prêtre" (1961). Sur ses 12 compositions pour des long-métrages de cinéma, il a également collaboré avec Henri Verneuil (L'affaire d'une nuit, 1960), Édouard Molinaro ("Les ennemis", 1962), Jean Becker ("Échappement libre", 1964), Marcel Carné ("Trois chambres à Manhattan", 1965). Si sa filmographie se concentre presque exclusivement sur une courte période des années 60, entre 1959 et 1965, où le jazz au cinéma est florissant, il fera un retour marqué en 1983 pour "Ballade à blanc" de Bertrand Gauthier, puis surtout en 2000 pour Bertrand Blier sur "Les acteurs" qui restera sa dernière participation à un film.
Le pianiste compositeur a pu s'exprimer sur sa participation à "A bout de souffle" (entretien disponible sur les archives de l'INA) : "je n'ai pas eu de mal à trouver le thème et un climat sonore, je pense que c'est très facile de créer une musique pour ce genre de film. Je l'ai regardé 5-6 fois pour bien m'en imprégner d'abord. Ce n'était pas une musique totalement d'accompagnement mais elle était assez séparée de l'image. C'est la volonté du metteur en scène de la placer au bon endroit."
Martial Solal laisse derrière lui un héritage musical considérable avec des musiques à la fois inventives et accessibles. Au cours de sa longue et prolifique carrière, Martial Solal enregistre plus d'une centaine de disques, explorant tous les formats, du solo au big band. Son style unique, caractérisé par une virtuosité technique et une liberté d'improvisation, lui vaut une reconnaissance internationale. Il reçoit de nombreux prix, dont le Jazzpar Prize en 1999, considéré comme le Nobel du jazz, et le Grand Prix de l'Académie du jazz en 2021.
Interview B.O : Uèle Lamore (Les Femmes au balcon, de Noémie Merlant)
Interview B.O : Pierre Desprats (Les Reines du drame, de Alexis Langlois)
Panorama B.O : Noël dans le cinéma américain [Podcast]