NOTRE SELECTION DE LA SEMAINE À VOIR AU CINÉMA POUR LES FILMS ET LEUR MUSIQUE ORIGINALE :
Robin Carolan retrouve Robert Eggers après "The Northman" (2022) sur ce Remake de Nosferatu de Murnau avec une partition sombre, oppressante et parfois dissonante, à l'image du vampire qu'elle accompagne, transcendant le simple accompagnement pour devenir une entité propre, un personnage à part entière qui hante le film. Carolan utilise une orchestration riche et variée, mêlant instruments classiques (cordes, vents, chœurs) à des éléments plus inhabituels comme des cors anciens, des flûtes traditionnelles et un instrument de percussion roumain appelé "toaca". Ce mélange atypique contribue à créer une atmosphère sonore unique et étrange, qui renforce le sentiment de malaise et d'inquiétude qui imprègne le film. Carolan tisse un réseau complexe de motifs musicaux, associés à différents personnages et émotions. Le thème d'Orlok, le vampire, est particulièrement remarquable : dissonant et menaçant, il se déploie progressivement au fil du récit, symbolisant la présence grandissante du mal. À l'inverse, le thème amoureux de Thomas et Ellen, plus mélodique et harmonieux, offre un contraste saisissant et souligne la fragilité de l'amour face à l'horreur. La musique amplifie l'impact des scènes clés, soulignant les moments de tension, de peur et de violence. Par exemple, l'apparition d'Orlok dans la chambre d'Ellen est sublimée par une musique terrifiante, faite de cordes stridentes et de chœurs fantomatiques.
(Au cinéma le 25-12-2024)
Bertrand Bonello ("Saint Laurent", "Nocturama") signe la musique du film de science-fiction français de Aude-Léa Rapin, récit dystopique situé en France en 2039 et qui relate l'emprisonnement virtuel d'activistes écologistes traqués par l'État. Parmi eux, Julia Bombarth (Adèle Exarchopoulos) tombe soudainement sur une intruse d'Irak (Souheila Yacoub) qui est parvenue à pénétrer le logiciel. Les notes électroniques jouent avec la dimension sonore d'un univers immersif et augmenté. Les distorsions et bourdonnements opressants participent du sentiment d'enfermement et de perte de repères.
(Au cinéma le 25-12-2024)
Jean Thevenin signe la musique du premier film de Anne-Sophie Bailly avec une partition qui joue la delicatesse, le fil ténu de la relation entre une mère, Mona (Laure Calamy), et son fils en situation de handicap, Joël (Charles Peccia-Galletto), à travers les notes de synthé et le violoncelle. Une présence vocale vient marquer progressivement l'imminence d'une naissance.
(Au cinéma le 25-12-2024)
Yoshinari Sato (Ryōsei Sato), du duo folk-rock japonais Humbert Humbert, signe la musique du drame sportif japonais de Hiroshi Okuyama situé sur l'île d'Hokkaido. Le film relate l'entraînement puis la compétition d'un duo de patinage artistique. Un motif inspiré du Clair de Lune de Debussy, que l'on entend également dans le film, évolue du xylophone au piano, puis au banjo, avant que ces instruments ne se rejoignent, marquant ainsi la progression des patineurs dans le sport et la complicité qui se construit entre eux. Le compositeur conçoit et interprète la chanson originale "A Friend Of Mine" dans l'esprit du Velvet Underground, tandis qu'il retrouve sa binôme de Humbert Humbert, Yuho Sano, pour la reprise d'une chanson de 2014 qui a donné son titre au film.
(Au cinéma le 25-12-2024)
Alexei Aigui retrouve Raoul Peck, notamment après leurs collaborations sur « Je ne suis pas votre nègre » et « Le Jeune Karl Marx », pour un documentaire dressant le portrait d'Ernest Cole (1940-1990), premier photographe noir freelance d’Afrique du Sud à témoigner de l’intérieur de l’apartheid. L'histoire du pays est relatée à travers ses photographies et son témoignage en voix off. La musique originale se déploie autour de deux thèmes : l'un, d'inspiration classique, dépeint un mouvement lancinant où le violon solo et les percussions se conjuguent pour exprimer à la fois la plainte et la lutte ; l'autre, un air de jazz évoquant l'univers de Miles Davis, est porté par la trompette. Ces compositions laissent une large place aux artistes de jazz sud-africains (Nduduzo Makhathini, Ondara, Winston Ngozi, Malcolm Jiyane, Bheki Mseleku, Moss Mogale, Ayanda Sikade), rendant ainsi un vibrant hommage à toute une communauté meurtrie. On y entend également la voix de Miriam Makeba, chanteuse sud-africaine et militante anti-apartheid, à travers deux chansons et un extrait de son discours aux Nations Unies.
(Au cinéma le 25-12-2024)
LES AUTRES FILMS :
Fabio Massimo Capogrosso ("L'enlèvement") signe la musique du drame historique franco-italien de Gianluca Jodice qui se déroule en 1792 à Paris à la fin de L’Ancien Régime tandis que Louis XVI et son épouse Marie-Antoinette sont arrêtés et conduits au donjon de la Tour du Temple. Les tournoiements du violoncelle traduisent l'agitation de l'Histoire, tandis que des éléments rythmiques métronomiques symbolisent la marche déterminée de la Révolution. Enfin, des notes apaisées et spirituelles, avec des sonorités aériennes et des voix célestes, évoquent le destin et la lumière, telle la foi des souverains face à l'inéluctable.
(Au cinéma le 25-12-2024)
Rutger Zuydervelt signe la musique du drame portugais de Margarida Cardoso situé sur les Îles de Sao Tomé-et-Principe en 1907. Le film relate les soins que le docteur Afonso administre dans une plantation de cacao à des serviteurs "infectés" par une maladie connue sous le nom de Banzo. Les sonorités électroniques planantes, dissonantes et sourdes, traduisent l'atmosphère pesante et l'isolement liés à la maladie. A la fois inquiétante et envoûtante, la musique contribue à créer une atmosphère mystérieuse. On pense à la musique de Popol Vuh chez Werner Herzog par ces ambiances mystiques et contemplatives qui transcendent le récit. Les textures sonores rappellent aussi les expérimentations d'Artemiev chez Tarkovski.
(Au cinéma le 25-12-2024)
Alex Beaupain signe la musique de la comédie musicale de Diastème, qui relate la romance d'une actrice (Clara Luciani) avec un jeune auteur en crise (William Lebghil), alors que le producteur (José Garcia) est éperduement amoureux d'elle. L'action se situe dans les années 70, dans une mise en scène théâtrale aux décors de studio. La musique, avec son orchestration colorée (quatuor à cordes, bois, cuivres, banjo, harpe... et grand orchestre), prolonge cette imagerie vintage qui joue avec l'artifice et la dimension réflexive, en hommage aux opérettes d'antan. Egalement, les chansons (14 écrites par le compositeur, 3 par le réalisateur, et une - "Cinecitta" - en duo) sont interprétées par le casting, dont la chanteuse Clara Luciani dont on reconnait la voix.
(Au cinéma le 25-12-2024)
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Tom Holkenborg signe la musique du film d'action animé de Jeff Fowler qu'il retrouve après les deux précédents opus.
(Au cinéma le 25-12-2024)
Florent Marchet signe la musique de la comédie française de Raphaële Moussafir et Christophe Offenstein avec Chantal Lauby, Gérard Darmon, Camille Lellouche.
(Au cinéma le 25-12-2024)
Amine Bouhafa rencontre Karim Aïnouz pour ce thriller érotique brésilien après que le cinéaste ait fait appel à Benedikt Schiefer pour "La Vie invisible d'Euridice Gusmao" (2019) et "Le Marin des montagnes" (2023), ainsi qu’à Dickon Hinchliffe pour "Le Jeu de la Reine" (2024). Le film se déroule en huis clos dans un motel, théâtre, à l’abris des regards, de jeux dangereux faits de désir, de pouvoir et de violence. La programmation électro (voire techno) du compositeur accentue la lumière crue, les couleurs vives et les effets de stroboscopes de néons, tandis que la guitare électrique évoque un univers de western et représente le paysage désertique entourant le motel, situé sur la côte nord-est du Brésil. Des textures de cordes viennent renforcer les scènes de violence et de poursuite.
(Au cinéma le 25-12-2024)
Fabrice Aboulker & Pascal Stive signent la musique du téléfilm de Cecilia Rouaud - qui avait fait appel au trio Low Entertainment au cinéma sur "Photo de famille" (2018) et "Les Complices" (2023) - qui se situe le temps d'une nuit de Noël alors que Julien (Tom Leeb), livreur, doit laisser ses enfants dont il a la charge chez une voisine pour assurer des livraisons, avec la promesse de rentrer avant minuit. La musique se met alors au service de ce compte à rebours avec dynamisme, soutenant les péripéties sans unité mélodique, variant les sonorités, de l'electronique pour l'action aux carillons du conte, en passant par le piano des enfants et les cordes de la romance. Par ailleurs la jeune fille écoute au début du film le rap "Zipo" de Jule Thorel Guillian & Lyms.
sur France 2 (le 25-12-2024)
Jung Jae-il (Parasite, Okja) signe la musique de la série d'action coréenne de Hwang Dong-hyuk avec un thème de flute à bec (qui rappelle l'Île aux chiens de Wes Anderson avec les notes d'Alexandre Desplat), ainsi que des percussions et une voix pour élaborer un univers étrange et décalé régit par ses propres règles.
Saison 2 sur Netflix (le 26-12-2024)
Kostas Christides signe la musique de la série criminelle grecque de Christopher Papakaliatis & Akis Polizos.
Saison 3 sur Netflix (le 28-12-2024)
Damien Fleau signe la musique de la série documentaire réalisée par Adrien Benoliel & Anthony Igoulen qui lève le voile sur l’adaptation en comédie musicale du film culte "La Haine" (1995) en nous plongeant dans les coulisses de ce projet ambitieux, en suivant le parcours du metteur en scène et des danseurs.
4 épisodes diffusés sur Canal+ Séries (le 29-12-2024)
Le pianiste de jazz lituanien-israélien Viaceslavas Ganelinas signe la musique du film lituanien de Arūnas Žebriūnas qui relate l'histoire du petit Domas (Darius Bratkauskas), qui peut s'endormir n'importe où afin de retrouver dans ses rêves un mystérieux général rencontré au bord d’un lac.
(Au cinéma le 25-12-2024)
Ce film d'aventure historique de Michael Mann relate l'histoire de trois trappeurs, Hawkeye, Chingachgook et Uncas, pris dans la tourmente de la guerre franco-britannique qui déchire les colonies américaines au XVIIIe siècle. La musique du film, composée principalement par Trevor Jones avec des contributions additionnelles de Randy Edelman, est une partition orchestrale à la fois épique et poignante, mêlant des influences celtiques et amérindiennes. Initialement, Michael Mann avait envisagé une bande originale électronique pour son film. Cependant, il opta finalement pour une musique orchestrale afin de renforcer l'authenticité historique de l'œuvre. Ce changement tardif, combiné aux nombreux remontages du film, obligea Trevor Jones à composer dans l'urgence et à réécrire plusieurs fois ses morceaux. Il fit alors appel à Randy Edelman pour composer des musiques additionnelles. Malgré ces difficultés et l'intégration de morceaux préexistants, comme "The Gael" de Dougie MacLean (adapté par Jones) et "Orchestral Mohican" de Daniel Lanois, la musique du film est remarquable. Le thème principal de Jones, introduit dès le générique de début, est devenu un classique. Porté par des cordes et des cuivres puissants, ce motif musical grandiose et héroïque, emblématique du style du compositeur, se retrouve dans d'autres de ses œuvres comme "Cliffhanger" ou "Loch Ness". La partition de Jones est riche et variée. "Elk Hunt" est un morceau dynamique et tendu, utilisant des percussions et des rythmes électroniques qui rappellent le style de Basil Poledouris. "The Kiss" et "Promontory" intègrent avec brio la mélodie de "The Gael", créant une atmosphère hypnotique et évoquant la musique de l'époque coloniale américaine. "Fort Battle" et "Massacre/Canoes" sont des morceaux d'action d'une grande intensité, dominés par des cuivres rugissants et des percussions. Randy Edelman apporte une touche différente à la partition avec des morceaux plus intimistes et romantiques. Son thème principal, entendu dans "The Courier", est une mélodie entraînante et optimiste, portée par une guitare et des cordes. Edelman compose également une mélodie douce et mélancolique pour le personnage de Duncan Heyward, soulignant le caractère noble et tragique du personnage.
(Au cinéma le 25-12-2024)
Interview B.O : Uèle Lamore (Les Femmes au balcon, de Noémie Merlant)
Panorama B.O : Noël dans le cinéma américain [Podcast]