,@,lynch, - David Lynch, cinéaste surréaliste et musical, tire sa révérence David Lynch, cinéaste surréaliste et musical, tire sa révérence

,@,lynch, - David Lynch, cinéaste surréaliste et musical, tire sa révérence

- Publié le 17-01-2025




Le monde du cinéma est en deuil. David Lynch, réalisateur à l'univers singulier, est décédé le 16 janvier 2025, quelques jours avant son 79ème anniversaire, suite à un combat contre une maladie pulmonaire et fragilisé par son déplacement forcé suite aux incendies dévastateurs de Los Angeles. Malgré ces difficultés, le réalisateur continuait de communiquer avec ses fans via des bulletins météo quotidiens postés sur YouTube depuis le Covid, témoignant de son humour décalé et de sa volonté de rester connecté au monde. Né en 1946 dans le Montana, David Lynch s'est d'abord intéressé à la peinture avant de se tourner vers le cinéma. Ses premiers courts-métrages expérimentaux annoncent déjà son attrait pour l'étrange et le macabre. Son premier long-métrage, "Eraserhead" (1977), le propulse sur la scène internationale avec son esthétique surréaliste, son ambiance cauchemardesque, et déja un fort univers sonore. Lynch s'impose alors comme un maître du cinéma indépendant américain, explorant les recoins les plus sombres de l'âme humaine et de la société américaine. Si "Elephant Man" (1980), drame poignant sur la vie de Joseph Merrick, homme atteint d'une maladie rare, lui vaut une reconnaissance critique et publique, et "Dune" (1984) lui offre un budget confortable, c'est avec "Blue Velvet" (1986), plongée dans l'univers trouble d'une petite ville américaine, qu'il affirme son style, sa signature, et qu'il entreprend un compagnonnage avec le compositeur Angelo Badalamenti (qui succède à John Morris et Toto). Il le retrouvera sur la série télévisée culte "Twin Peaks" (1990-1991, incluant le film préquel "Twin Peaks: Fire Walk with Me"), "Sailor et Lula" (1990), Palme d'Or à Cannes, puis "Lost Highway" (1997) et "Mulholland Drive" (2001), dans un même registre alliant le jazz luxuriant aux sonorités sourdes, comme deux faces, s'autorisant entre temps une échappée avec "The Straight Story" (1999) à travers l'americana et la guitare country. 

 L’univers musical de David Lynch (1946-2025)

Comme nous le soulignons dans un article dédié, "Le cinéaste David Lynch n'a jamais dissocié l’image de la musique dans son travail". La musique occupe une place prépondérante dans son œuvre. Ses films sont imprégnés de sonorités envoûtantes et troublantes, qui contribuent à créer une atmosphère unique et immersive. Sa collaboration avec le compositeur Angelo Badalamenti, décédé en décembre 2022, est particulièrement emblématique. Leur rencontre, sur le tournage de "Blue Velvet", marque le début d'un partenariat artistique fructueux qui s'étendra sur plusieurs décennies. Badalamenti, initialement engagé comme coach vocal pour Isabella Rossellini, séduit Lynch par sa sensibilité musicale et sa capacité à traduire en musique l'univers étrange et onirique du réalisateur. Ensemble, ils créent des bandes originales mémorables, comme celle de "Twin Peaks", avec son thème principal lancinant et ses chansons envoûtantes interprétées par Julee Cruise.  Badalamenti décrit leur processus créatif comme une fusion des idées, où la musique et l'image se nourrissent mutuellement. Lynch, souvent inspiré par une simple phrase ou une mélodie, guide Badalamenti dans la composition, créant ainsi une symbiose parfaite entre le son et l'image. 

Lynch n'hésite pas non plus à utiliser des chansons populaires de manière inattendue et subversive. La reprise de "In Dreams" de Roy Orbison dans "Blue Velvet" prend une dimension inquiétante dans le contexte du film, créant un contraste saisissant entre la douceur de la mélodie et la violence de la scène. Dans "Mulholland Drive", la chanson "Crying" interprétée a capella par Rebekah Del Rio, devient un moment de pure émotion, chargé de mystère et de mélancolie. Lynch utilise la musique comme un élément narratif à part entière, capable de susciter des émotions contradictoires et de renforcer l'étrangeté de ses récits.

Au-delà du cinéma, David Lynch est un artiste multidisciplinaire. Il s'adonne à la peinture, à la photographie, à la musique et à la sculpture, comme en témoignait la fameuse exposition parisienne en 2007 que la Fondation Cartier pour l'art contemporain lui avait consacrée. Ses œuvres plastiques, souvent macabres et surréalistes, explorent des thèmes similaires à ceux de ses films : le rêve, le subconscient, la beauté, l'horreur, un goût pour le grotesque. Lynch est également un musicien accompli. Il a sorti plusieurs albums solo, comme "Crazy Clown Time" (2011) et "The Big Dream" (2013), et collaboré avec différents artistes, dont Angelo Badalamenti et Chrysta Bell. Sa musique, à l'image de son cinéma, est expérimentale et atmosphérique, mêlant des éléments de rock, de jazz et d'electronica.  Il explore les textures sonores, les dissonances et les ambiances oniriques, créant des univers musicaux aussi singuliers que ses films.

La pratique de la méditation transcendantale a profondément influencé la vie et l'œuvre de David Lynch.  Il la considère comme un outil essentiel pour accéder à la créativité et explorer les profondeurs de l'esprit. Cette philosophie se reflète dans son art, qui puise souvent son inspiration dans le subconscient et les rêves. Lynch a activement promu la méditation transcendantale, notamment à travers la Fondation David Lynch. 

L'influence de David Lynch sur le cinéma et l'art contemporain est considérable. De nombreux réalisateurs et artistes se réclament de son héritage, saluant son audace, son originalité et sa capacité à repousser les limites de la narration. Son style unique, qualifié de "lynchien", est devenu une référence esthétique, reconnaissable entre toutes par son mélange de surréalisme, d'humour noir et d'onirisme. Steven Spielberg, qui a dirigé Lynch dans son film "The Fabelmans" (dans le rôle de John Ford, cinéaste borgne), le décrit comme "un rêveur visionnaire singulier qui a réalisé des films qui semblaient faits à la main" . Harmony Korine, réalisateur de "Spring Breakers", le considère comme "un réalisateur de niveau Mont Rushmore". Billy Corgan, leader du groupe The Smashing Pumpkins, qui fait partie de la bande originale de "Lost Highway", le qualifie de "véritable artiste" et encourage tous les cinéphiles à découvrir son œuvre.

 


En savoir plus :

Vos avis