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Tuer n'est pas jouer (John Barry), la Fin d'une époque, entre Tradition et Modernité

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par François Faucon

- Publié le 17-02-2014




Dernière partition de John Barry pour la saga James Bond après 25 ans de loyaux services. Les meilleures choses ont une fin. Les producteurs avaient convoqué, en urgence, John Barry pour arranger et personnaliser le thème de Monty Norman. 25 ans plus tard, le maître tire sa révérence sur une belle partition. Au bout de onze James Bond, et du propre aveu de John Barry, la fraîcheur et la spontanéité des premiers opus s'est tarie. Et les nombreuses crispations avec le groupe A-Ha n'y arrangeront rien. 

Pål Waaktaar l'accusera de n'avoir jamais réellement pris part au processus de création musicale et John Barry n'aura jamais de mots assez aigres pour qualifier les conditions de travail avec le groupe. Ce dernier, choisi pour les six chansons classées au top ten sur les quinze derniers mois (notamment "Take On Me" en 1986), préfèrera sans surprise sa propre version de la chanson à celle enregistrée pour 007 avec John Barry.

Roger Moore ayant raccroché, c'est Timothy Dalton qui reprend donc le rôle. A nouvel acteur, nouvelle musique. Sur cet opus, John Barry va massivement utiliser la musique électronique y compris dans les romances. Ainsi, "Into Vienna" est certainement la première du genre à être jouée exclusivement au synthétiseur accompagné de batteries. Au disque, cette romance est reprise notamment dans "Alternate End Title", orchestrée de façon beaucoup plus classique. Le thème de cette romance est repris de "If There Was A Man" du groupe rock Pretenders qui l'avait composé pour les besoins du film (éventualité d'être au générique). Quant à "Where Has Everebody Gone", du même groupe, on l'entend dans le baladeur de Necros, le tueur du KGB venu récupérer Koskov dans l'antre des services secrets britanniques. Cette mélodie servira de thème pour ce "méchant" tout au long du film : "Necro's Attack", "Inflight Fight", "Assassin And Drugged", "Afghanistan Plan". Quant à la mélodie de la chanson générique, on la retrouve dans les scènes d'action comme c'est le cas avec "Hercule's Take Off". Le tout entrecoupé par les incontournables retours sur le "James Bond theme" : "Exercise At Gibraltar" et "Ice Chase".

Reste Kara, la violoncelliste. Un thème énigmatique lui est dédié : "Kara Meets Bond" (jusqu'à 0'30) et "Approaching Kara" (jusqu'à 1'23). Ce thème est systématiquement suivi d'une romance, preuve que si on se demande "qui est Kara?", "quel jeu joue-t-elle ?", "pour qui travaille-t-elle ?", on a aucun doute sur le fait qu'elle finira la nuit entre les bras de 007.

Enfin, la musique diégétique prend une place très importante dans cet opus : Noces de Figaro de Mozart, Variations sur un thème Rococo pour violoncelle de Tchaïkovski, valses de Strauss (Vienne oblige), Quatuor n°2 de Borodine.

Volonté de prouver la supériorité culturelle de l'Ouest sur l'URSS agonisante (malgré une légère évocation musicale dans "Koskov Escape") ? Volonté de renchérir sur le côté "british" quelque peu élitiste de 007 ? Volonté d'unir l'Est et l'Ouest au travers de l'universalité de la musique classique ? Peut-être les trois.

Mais que cela soit dit : John Barry ne reviendra plus sur 007. Et même si The Living Daylights reste une musique mémorable (malgré les critiques sur A-

Ha), c'est peut-être mieux. A l'exception de quelques thèmes secondaires, les mélodies ne sont pas de Barry. Il s'est "contenté" d'apporter sa touche personnelle pour le personnaliser. Cet opus aurait-il tout du rendez-vous musical manqué ? Une ère nouvelle, stable et porteuse de musique enthousiasmante s'ouvrira bientôt. Mais ce sera dix ans plus tard, avec David Arnold sur Tomorrow Never Dies.

par François Faucon


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