25 septembre 1906 (Russie) - 9 août 1975 (Russie).
Etudiant au conservatoire de St-Pétersbourg, il composa sa première symphonie à 18 ans, une centaine d'oeuvres savantes (ballets, concertos, opéras, symphonies...) ainsi qu'une trentaine de musiques de films.
En 1926, il compose sa première symphonie qui sera créée à Berlin l'année suivante, le 5 mai, sous la direction de Bruno Walter. Cette même année Chostakovitch reçoit comme pianiste la mention "honorable" lors du concours Chopin à Varsovie, et qu'il compose sa deuxième symphonie commandée à l'occasion de la révolution d'octobre. Viennent ensuite des partitions de musique de film et de ballet ainsi que Le Nez, un opéra d'après l'une des "Nouvelles de Saint-Pétersbourg" de Gogol.
En 1930, Chostakovitch se lance dans la composition de son opéra Lady Macbeth du district de Mzensk d'après l'oeuvre de Leskov, qui ne sera créé à Leningrad que le 22 Janvier 1934, et de nombreuses autres représentations seront données jusqu'en 1936, lorsque surviendra le 28 janvier une violente attaque de la "Pravda" critiquant férocement l'opéra du compositeur. Entre temps, c'est en 1932 que se forme l'Union des compositeurs soviétiques, et cette même année Chostakovitch se marie avec Nina Varzar. De ce mariage naîtra le 30 mai 1936 leur fille Galina, et le 10 mai 1938 leur fils Maxime, un futur chef-d'orchestre. Avec sa Cinquième symphonie donnée 21 novembre 1937, Chostakovitch revient en faveur au sein de la propagande artistique russe, et en 1940 le compositeur obtient le Prix Staline pour son Quintette avec piano. Epris d'un vif sentiment patriotique pour son pays lors de l'invasion de l'URSS par Hitler en juin 1941, Chostakovitch exprime à travers sa Septième symphonie titrée Leningrad toute la résistance des russes face à l'avancée des nazis. L'oeuvre ne sera entendue en public que le 5 mars 1942, à Kouïbychev, et le 19 juillet de la même année, Toscanini entreprend de la diriger et de la retransmettre à la radio pour que des millions d'auditeurs puissent l'entendre, ce qui permet à la symphonie de devenir le symbole artistique de la lutte contre le nazisme, notamment aux Etats-Unis elle sera jouée pas moins de 62 fois en une seule saison entre 1942 et 1943.
C'est en 1943 que Chostakovitch part s'installer à Moscou. A la fin de la guerre, la censure qui vise les artistes devient de plus en plus stricte et rigide, et Chostakovitch n'échappe à la réforme de l'Union des compositeurs de Jdanov, accusé tout comme Prokofiev de formalisme en musique, dans le rapport du 10 février 1948. Cette restriction artistique imposée par Staline enlève toute liberté à Chostakovitch de s'exprimer comme il le veut à travers sa musique. Le 5 décembre 1954 survient le décès de sa femme Nina, seulement âgée de 45 ans. Auparavant, le 5 mars 1953, Staline et Prokofiev étaient morts le même jour. Chostakovitch se remarie en 1957 avec Andreïevna Kaïnova, mais leur mariage ne durera que quelques années.
Le 18 décembre 1962 est créée la symphonie n°13 "Babi Yar" sur des poèmes d'Evgueni Evtouchenko. Puis Chostakovitch révise sa partition de Lady Macbeth bannie depuis 1936 en lui donnant un nouveau titre : Katerina Ismaïlova. L'oeuvre est donnée à Londres en décembre 1963.
En 1966, Chostakovitch est atteint d'un infarctus cardiaque qui compromet sa santé pour le restant de ses jours ; sa mort interviendra en 1975, le 9 août, après qu'il ait pu achever son ultime page, la Sonate pour alto et piano.
Chostakovitch, surnommé par certains le "Beethoven du 20ème siècle", reste l'un des plus grands compositeurs du siècle passé. Fortement marqué par le contexte politique et idéologique de son vivant, honoré puis censuré par le régime stalinien, Chostakovitch demeure un compositeur assez mystérieux et controversé. Difficile de faire le tri dans son oeuvre entre ce qui relève de contraintes artistiques imposées destinées à la propagande, son sentiment naturel de patriotisme et ses messages politiques personnels dissimulés : en somme, Chostakovitch fut un compositeur pour le moins éclectique, influencé par toutes sortes de courants et de tendances musicales comme le jazz ou la musique traditionnelle russe, s'intéressant aussi bien aux compositeurs de l'avant-garde qu'aux formes d'écritures les plus classiques et les plus traditionnels, il est bien difficile de saisir l'individualité, l'uniformité de son style d'écriture.
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