Né à Londres le 23 mars 1944.
Michael Nyman s'intéresse avant tout à casser les barrières entre la musique sérieuse et populaire . Son langage musical est profondément tonal, influencé à la fois par le répertoire musical du XVIIème siècle, la musique traditionnelle, et la musique répétitive américaine. Compositeur régulier de Peter Greenaway (Meurtre dans un Jardin Anglais - 1982), il obtient le succès avec La Leçon de Piano (1993)...
Ses B.O notables : La leçon de piano ( Jane Campion , 1993) • Bienvenue à Gattaca ( Andrew Niccol , 1998) • Meurtre dans un Jardin Anglais ( Peter Greenaway , 1982) • Monsieur Hire ( Patrice Leconte , 1989) •
Michael Nyman est né à Londres le 23 mars 1944. Entre 1944 et 1967 , Il apprend la composition, le piano et le clavecin avec Alan Bush au Royal Academy of Music et la musicologie avec Thurston Dart au King's College de Londres. Il étudie l‘oeuvre de Purcell, Haendel et la Musique Folklorique Roumaine. En 1968, il écrit le livret pour l'opéra de chambre d'Harrison Birtwistle, Down by the Greenwood Side , un drame pastoral. Il devient critique musical pour plusieurs journaux dont The Spectator , revue dans laquelle il fut le premier à énoncer le mot de "Minimaliste" en musique. Cette même année, l'audition fortuite de Come Out de Steve Reich lui ouvrit les oreilles à d'autres possibilités. Plus tard, il aura l'occasion de jouer du marimba dans son ensemble.
En 1974, il rédige l'essai Experimental Music : Cage and Beyond qui analyse l'influence du compositeur américain John Cage sur la Nouvelle musique contemporaine.
En 1976, Birtwistle, lui demande d'écrire des arrangements de chansons vénitiennes du 18e siècle pour la pièce de Carlo Goldoni, Il Campiello . Nyman utilise des instruments anciens ou folkloriques mêlés à des instruments modernes et hétéroclite tels que les rebecs, des courtauds, des saxophones et un banjo. L'année d'après Nyman réexploite la même idée en empruntant la texture des 16 premières mesures de l'Air du Catalogue du Don Juan de Mozart avec le surprenant In Re Don Giovanni. Un morceau tonal impulsif où l'harmonie Mozartienne de base se trouve asservie à un rythme répétitif amplifié. Cette pièce inaugure une technique de composition basée sur l'anachronisme, une tendance que Nyman ne cessera par la suite de développer. Il crée à cette occasion son propre ensemble, le Michael Nyman Band. Le groupe est formé d'un quatuor à cordes, de trois saxophones, d'un trombone basse, d'une guitare basse et un piano auxquels peuvent s'ajouter selon les besoins une trompette et un cor ainsi que les voix de Sarah Leonard (sur Memorial ) et d'Hilary Summers (en 1995 dans le dessin animé japonais d'Akinora Nagaoka , Le journal d'Anne Franck ).
La musique de Michael Nyman est à la croisée de plusieurs zone d'influence stylistique, celle des "répétitifs" américains mais également de styles aussi divers que la pop musique, la musique baroque, le jazz, le minimalisme, le chant hindou, le folklore écossais ou la musique arabe (Le somptueux The Upside Down Violin )… En outre, Nyman n'hésite pas à utiliser fréquemment la citation non seulement avec la musique des autres : Les 5 cadences de la Musique Funèbre de la reine Mary de Purcell dans le Concerto pour Trombone et Orchestre (1995)… Mais aussi avec la sienne ; la musique pour le film La Leçon de Piano est par exemple citée dans le deuxième mouvement du quatuor pour saxophone Songs For Tony (1993).
Comme il le dit lui-même : " Un compositeur doit se baser sur du matériel déjà existant. Bach écoutait Vivaldi, Vivaldi écoutait Corelli et ainsi de suite jusqu'à Monteverdi. Ma musique est en cela aussi bien influencé par Mozart que par le minimalisme des années 70, la process music et le rock "
Une démarche proche de celle de Philip Glass ou John Adams, compositeurs qui confrontent divers styles d'époque différente pour aboutir à une véritable polyphonie musicale. Comme l'écrit Jean François Zygel à propos de John Adams, " l'élément répétitif n'est qu'un moteur rythmique qui sous-tend avec dynamisme et efficacité un lyrisme au souffle puissant . " La citation peut aussi s'appliquer à Nyman qui recherche avant tout l'affectivité et l'harmonie musicale.
En dehors du style répétitif et de l'utilisation pulsative de la basse, le style de Nyman se caractérise aussi par l'utilisation des instruments à bois tels que le saxophone baryton ou la basse clarinette.
Sa collaboration la plus riche à ce jour avec un cinéaste est celle de Peter Greenaway, avec qui il collabora sur 11 films (courts et longs métrages) entre 1967 et 1991.
En 1982, la musique du film Meurtre dans un Jardin Anglais , dérivé sur des thèmes de Purcell est son premier succès public.
En 1984, il signe la musique du thriller psychologique, The Cold Room , une composition très différente de son style habituel, à mi-chemin entre la musique pour corde de Béla Bartók et le Giallo italien. En 1988, il compose la musique du documentaire Out of the Ruins d'Agnieszka Piotrowska qui relate le tremblement de terre arménien. Nyman signe une œuvre chorale très solennelle en hommage aux victimes de la catastrophe. Le style incantatoire de la pièce et le minimalisme musical (l'œuvre est principalement chantée a capella, seul un orgue intervient dans le dernier quart du morceau) peut se rapprocher de certaines pièces vocales d'Henrik Górecki.
Nyman a aussi travaillé avec Patrice Leconte, Le Mari de la Coiffeuse (1990), Monsieur Hire (1991), Jane Campion, La Leçon de Piano (1992), Volker Schlöndorff , Songbooks (1992), une musique de concert portée par la magnifique voix d'Ute Lemper, Le Roi des Aulnes (1996), le dessin animé japonais d'Akinora Nagaoka, Le journal d'Anne Franck , Andrew Niccol, Bienvenue à Gattaca (1997), Neil Jordan, La Fin d'une Liaison (1999).
Il noue une relation fidèle avec le réalisateur anglais Michael Winterbottom sur Wonderland (1999), The Claim (2000) ou Tristram Shandy ( 2005).
En 2002 il écrit une musique pour le film muet de Dziga Vertov, l'Homme à la Caméra , il travaille ensuite avec Connor McPherson sur The Actors (2002), où il dirige une chorale d'enfant , Anne Fontaine avec Nathalie (2003), Laurent Bouhnik , 24h. Dans la Vie d'une Femme, (2003) une partition complexe articulée autour de deux types d'écriture et un effectif orchestral bien différencié mais unis par la présence récurrente d'un motif descendant de trois notes, à caractère obsessionnel. Désormais Nyman semble s'engager dans une veine plus feutrée et ouverte à la polyphonie.
L'influence de Michael Nyman peut se retrouver chez des compositeurs comme Alexander Balanescu ( Des Anges et des Insectes ), Yann Tiersen ( Goodbye Lenin ) ou le groupe anglais The Divine Comedy (le splendide Our Mutual Friends ).
Outre ses Musiques de Films, il a composé pour une grande variété d'ensemble : Une Symphony Orchestra , 4 quatuors à cordes, des Opéras dont : L'homme qui prit sa Femme pour un Chapeau (1986), Facing Goya (2002), une partition crée pour l'inauguration d'une ligne de TGV, Musique à Grande Vitesse , (1993) un Double Concerto pour Saxophone, Violoncelle et Orchestre commissionné par les voitures Mazda (1997) et même la musique d'un jeu vidéo. Enemy Zero .
On peut comparer cette démarche de réactualisation de la musique ancienne avec celle de Georges Delerue et sa partition inspirée de J.S. Bach pour Le Mépris ou celle de son Grand Choral de La Nuit Américaine , qui présente un savoureux contraste entre les vigoureuses envolées mi-Vivaldi, mi-Telemann et l'action contemporaine du film.
Figure importante de la musique de film des années 80/90, Michael Nyman a touché le grand public en 1982 avec l'entêtante partition de "Meurtre dans un Jardin Anglais, de Peter Greenaway. La consécration est venue en 1993 avec "La Leçon de Piano" de Jane Campion. Il a également travaillé avec des réalisateurs français dont notamment Patrice Leconte sur "Mr Hire" et "Le Mari de la Coiffeuse".
Lors de la neuvième édition du Festival International "Musique et Cinéma" de la ville d'Auxerre, Stéphane Lerouge, grand spécialiste de la musique de film interrogea le compositeur sur sa carrière musicale et sa collaboration avec les cinéastes Peter Greenaway et Jane Campion.
Un peu comme chez le compositeur russe Alfred Schnittke, la musique de Michael Nyman emprunte souvent - et de façon délibérée - des thèmes issus du répertoire baroque ; ce qui ne manque pas d'ailleurs d'agacer ses détracteurs qui lui reproche de ne faire rien d'autre que de la citation. Le compositeur s'explique sur sa méthode en mentionnant l'un des morceaux important du début de sa carrière : "In Re Don Giovanni". Un thème écrit en 1977, qui reprend les seize premières mesures de "l'air du Catalogue" de l'opéra Don Giovanni de Mozart.
Le public présent lors de l'entretien a pu également visionner un de ses courts-métrage, "Witness II", qu'il présenta en avant-première. Un film élaboré à partir d'images de prisonniers des camps de concentrations d'Auschwitz et de Birkenau.
La soirée se termina, avec un concert de ses musiques de film, interprété par le Michael Nyman Band. Des thèmes principalement écrit pour les films de Peter Greenaway, comme "The Draughtman's Contract", "Drowning By Numbers", le mémorial macabre de "The Cook, the thieve and his lover" ou encore "Prospero's Books". Des morceaux souvent interprétés avec un tempo beaucoup plus dynamique que les musiques originales. Le compositeur, a conclu, seul au piano, le thème principal du film d'animation japonais : "Le Journal d'Anne Frank".
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