David Raksin

David Raksin

Né à Philadelphie en 1912. Décédé en 2004..

Compositeur de la célèbre musique de LAURA pour Otto Preminger (1944), sa courte carrière musicale dans le cinéma n'en demeure pas moins importante. Sa disparition en 2004 est l'occasion de retracer les points-clés d'une oeuvre peu connue et peu reconnue.

Articles / Biographies

Né à Philadelphie d'une famille de musiciens (père clarinettiste et propriétaire d'un magasin de musique), David Raksin étudiera la musique très jeune. Il sera chef et arrangeur de son propre orchestre de danse à l'age de 12 ans. Plus tard, conjointement à ses études musicales, il travaillera pour la CBS en tant qu'instrumentiste et orchestrateur. Il s'intéressera à cette époque à tous les aspects de l'expression musicale faisant presque table rase de l'héritage européen. Dans les années 30, après avoir acquis une solide expérience dans le domaine du jazz, il intégrera l'orchestre de Benny Goodman où il rencontrera Oscar Levant alors pianiste de l'orchestre. Ce dernier le présentera à George Gershwin. Un pied à Hollywood (il n'a alors que 23 ans), et bien décidé à faire carrière pour le cinéma, il travaillera avec Alfred Newman sur les arrangements des Temps Modernes de Charlie Chaplin. Passionné de musique pour l'image, il diversifiera ses activités au maximum et enseignera à l'Université de Californie. Il animera également les toutes premières émissions télé et radio consacrées au genre.

Sa rencontre avec Otto Preminger sera une date décisive dans sa carrière et Raksin s'imposera définitivement à Hollywood en 1944 avec la musique de Laura qui deviendra rapidement un standard de la musique de films. Pour la petite histoire, Preminger souhaitait intégrer à son film une chanson au thème assez simple. On présenta à Raksin plusieurs lyrics et il eut deux jours pour composer le thème d'amour de Laura. Il entama une démarche logique afin de parvenir à contenter le réalisateur, démarche vouée à l'échec. C'est alors que le compositeur reçut une lettre de rupture de son épouse. Raksin posa le courrier sur son piano et se mit alors à composer ; le thème de Laura était né. En outre, c'est David Raksin qui insista auprès de Preminger pour que la scène du tableau (là où l'on comprend que le détective tombe amoureux de Laura) soit conservée, le réalisateur ne désirant pas la maintenir dans le montage final. Soixante ans plus tard, le film de Preminger est devenu un classique, un chef d'œuvre de noirceur et de sensibilité au thème sublime et évocateur de tout le charme de cette héroïne fantomatique (Gene Tierney)…

Résolument progressiste, Raksin collaborera une seconde fois avec Preminger pour Forever Amber (Ambre - 1947). Sa bande originale fut, à l'époque, source de nombreuses polémiques (on reprochait surtout au compositeur ses références à Lulli et Scarlatti alors que le film traitait de l'Angleterre sous Charles II).
Par la suite, on se souviendra surtout de The Bad and the Beautiful (Les Ensorcelés - 1952) de Vincente Minelli ou encore de Will Penny (Le Solitaire - 1968) de Tom Gries, sa toute dernière composition pour le Septième Art. Jusqu'à la fin des années 80, Raksin mettra surtout son talent aux services de la télévision et composera notamment The Day After (Le Jour d'Après - 1983) de Nicolas Meyer (dont on peut trouver le magnifique thème sur la compilation Highlander best of Fantazy éditée chez Edel).

Toujours à cheval entre l'age d'or hollywoodien et une perpétuelle évolution, David Raksin cessa de travailler pour le cinéma à l'époque où bon nombre de réalisateurs se séparaient de leurs compositeurs fétiches (Hitchcock/Herrmann pour Le Rideau Déchiré - 1966), cette "époque-jonction" où Hollywood était à la recherche d'une nouvelle identité musicale, quitte à révolutionner complètement le genre en y introduisant de la pop (Le Lauréat - 1967). Mais là où certains demeuraient impuissants face à cette machine en route, Raksin lui, envisageait déjà une évolution. Compositeur sans concession, David Raksin est alors demeuré orphelin du cinéma jusqu'à la fin de sa carrière de musicien.

 

Isabelle Thomas

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