Né à Redbank (New Jersey), aux États-Unis, en 1957.
Christopher Young est devenu l'un des maîtres incontestés du frisson à Hollywood ! Percussionniste à l'origine, influencé par Jerry Goldsmith et Bernard Herrmann, son sens du rythme et du motif obsédant donne lieu à un style immersif adapté au cinéma d'épouvante.
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Ses récompenses : Oscar (....) •
Ses B.O notables : Hellraiser ( Clive Barker , 1988) • Hellraiser 2 : les écorchés ( Tony Randel , 1989) •
Christopher Young est un compositeur parmi les plus audacieux, innovateurs et talentueux sur le marché actuel de la musique de film. Son style ne s’est pas créé spontanément. Il l’a forgé au cours d’une carrière accidentée dont chaque jalon s’est avéré à chaque fois un peu plus prometteur. Il l’a mûri avec des partitions de plus en plus originales. L’artiste, à la recherche d’une identité qui lui soit propre, est en quête de sonorités nouvelles. Il cherche constamment à expérimenter en voulant faire fusionner différents styles musicaux plus ou moins compatibles. Il en résulte une liste de travaux hétérogènes, de qualité forcément inégale, mais souvent passionnants et toujours adaptés aux projets qui lui sont confiés.
A ses débuts, Christopher Young est à l’Université de Caroline du Sud. Il y est l’un des élèves de David RASKIN, auteur du célébrissime thème de LAURA (1944), qui lui enseigne l’art de la composition et de l’orchestration. Ses études lui permettent d’acquérir une pratique musicale allant des recherches atonales au jazz. A la fin des années 70, le monde de la musique de film est en ébullition et Hollywood recherche de nouveaux talents. Le musicien rêve de devenir batteur. Il est d’abord enfant de chœur puis percussionniste. Il fait ses classes chez Roger CORMAN, comme tout le monde à cette époque…
Ses premiers travaux, alimentaires et expérimentaux, sont des
rêveries lancinantes et mystérieuses qui mettent en évidence
l’arrière-fond latent des sujets qui lui sont proposés,
jusqu’à l’écho d’un tragique indéfinissable...
Le premier film mis en musique par Young est Pranks.
Ce score n’est qu’un anodin travail de routine. Il existe
un 33 tours (et tout récemment un CD…) où le compositeur
entame une série de clins d’œil à ses pairs
sous forme de noms cachés apparaissant dans les titres des morceaux.
Ici : Her man awaits. Car Young est avant tout un amateur éclairé
de B.O… Suivra, entre autres le fameux « Jerry’s
gold Myth » dans l’album The Power…
A la fin des années 80, Christopher Young a acquis de multiples expériences qui lui ont permis de se faire connaître de la profession. Elles ne se sont pas toujours avérées payantes mais elles lui ont permis d’être maître de son art. Il a désormais la réputation d’un jeune compositeur qui n’hésite pas à innover. Il lui faut maintenant se faire reconnaître comme un mélodiste original et s’imposer sur des projets dignes de son talent naissant. C’est un mélange unique de création atmosphérique et de recherche de figures de style avant-gardistes dans le domaine du film d’horreur qui va finalement l’imposer.
L’attention du public se tourne enfin vers lui lorsque sa musique pour Hellraiser déchire les ténèbres des salles obscures… Un motif envoûtant et grandiose proche de The Fury (John Williams) au service d’une partition puissamment dramatique, d’un lyrisme noir saisissant. Le thème, formidable, a l’air de tourner sur lui même tout en s’amplifiant. Le compositeur saute à pieds joints dans l’univers morbide de Clive BARKER et jette les bases d’un futur chef d’œuvre. Le succès commercial de Hellraiser avait amené le compositeur sur le devant de la scène cinématographique. Le manque d’ampleur artistique des films suivants va désespérément le ramener à la case départ. La voie musicale très moderniste de Young est trop forte, trop originale, pour les productions de séries sur lesquelles il est amené à travailler.
Il s’ensuit des compositions pleines d’audace mais qui peinent à soutenir l’attention des auditeurs sur la durée, faute de développements thématiques véritablement accrocheurs qui transcenderaient les expérimentations. Les scores deviennent de plus en plus complexes, atonaux, difficiles, même pour les fans du compositeur qui se consolent toutefois avec les partitions les plus accessibles de cette période. Au milieu des années 90, l’artiste se retrouve face à des projets de films plus en phase avec ses talents. Les propositions, de plus en plus alléchantes, de plus en plus variées, se multiplient dans des genres cinématographiques que l’artiste avait trop rarement eu l’occasion d’aborder. La réussite artistique et commerciale, tant visuelle que musicale, de Basic Instinct (1992) a remis le thriller psychologique à la mode et Chris YOUNG est un des musiciens les mieux à même d’instaurer des climats d’angoisses et de malaises propres à inquiéter le spectateur. De plus, son goût pour les formes jazziques s’affirment désormais de mieux en mieux et aèrent plus qu’agréablement une discographie qui eut été sans elles un rien trop hermétique.
Le compositeur profite de cette diversification dans son œuvre pour éditer des albums promotionnels à tirage limité destinés à le faire connaître de la profession. Il est désormais difficile de ne l’associer qu’à un seul genre : le film à suspense, qu’il soit de tendance horrifique, psychologique ou policière. Il peut désormais naviguer à son gré là où ses désirs l’appellent. Son style a évolué dans le sens de la mobilité, de l’ouverture vers de nouvelles formes musicales. Sa musique reste très particulière, extrêmement personnelle, mais plus ouverte aux tendances de la mode. Si bien qu’en ce changement de siècle le film grand public semble désormais non plus inaccessible mais plus que jamais à portée de baguette…
A ses débuts, Chris Young témoignait déjà de son goût pour les musiques de films horrifiques, une caractéristique qui lui collera à la peau tout au long de sa carrière. Par la suite, Young va composer pour des tas de films à petit budget tout au long des années 80 (il rentrera à Hollywood grâce à sa musique pour la comédie ‘Hightpoint’ en 1984), jusqu’à ce que ‘Def-Con 4’ et ‘A Nightmare on Elm Street 2’ amorcent un style plus personnel, plus mur et plus maîtrisé. ‘A Nightamre on Elm Street 2’ annonce déjà ses futures partitions pour des films d’horreur de la fin des années 80 et des années 90. Aujourd’hui, Chris Young est reconnu comme étant l’un des maîtres de la musique d’horreur/thriller, son genre de prédilection dans lequel le compositeur ne cesse de faire preuve d’une inventivité constante et d’un professionnalisme à toute épreuve.
Dans les années 80, Young a été l’auteur de partitions originales et expérimentales, à une époque où les producteurs hollywoodiens commençaient à aborder ce genre de musique avec des pincettes (les temp-tracks n’étaient pas encore aussi ‘encombrants’ qu’aujourd’hui). Des partitions comme les splendides ‘Hellraiser II’, sa musique rejetée pour ‘Invaders From Mars’, ‘Flowers In The Attic’ ou ‘The Vagrant’ ont prouvés à plus d’une reprise son goût pour les sonorités étranges et les expérimentations avant-gardistes/concrètes en tout genre, que ce soit les bruits étranges à la Pierre Schaeffer dans ‘The Vagrant’ ou les mélanges gothiques/musique de manège déjantée de ‘Hellraiser II’, sans oublier les messes atonales déroutantes de ‘Invaders From Mars’. Grâce à des partitions comme ‘Hider In The House’, ‘Jennifer 8’, ‘The Dark Half’, ‘Judicial Consent’, ‘Unforgettable’ ou ‘Copycat’, Young a aussi prouvé qu’il était un grand maître de la musique de thriller/suspense, à l’instar de celui qui lui a fait découvrir sa passion pour la musique de film, Bernard Herrmann.
Mais, loin de vouloir se laisser enfermer dans un style particulier, Young s’est aussi risqué à changer d’horizon en composant pour des comédies telles que ‘Head Above Water’, le jazzy ‘The Man Who Knew Too Little’, ‘The Big Kahuna’, ‘Wonder Boys’, ‘Sweet November’, ‘The Country Bears’, ‘Bandits’, etc, sans oublier sa participation à des drames tels que ‘Bright Angel’, le poignant ‘Murder In The First’, ‘Haunted Summer’, ‘The Hurricane’, ‘The Shipping News’, etc.
Certes, Young a tendance à se répéter un peu par moment, mais ceci n’affecte en rien sa passion, restée intact durant toutes ces années. A ce sujet, Young expliquait sur son site qu’il s’était beaucoup éclaté à faire la musique du slasher sanguinaire ‘Urban Legend’, dans lequel il renouait avec son style et ses idées de la fin des années 80 et des années 90. Christopher Young est, sans aucun doute, l’un de ces musiciens passionnés, talentueux et inspirés, qui marqueront de leur patte indélébile la musique de film hollywoodienne.
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