JEUNE ET JOLIE
Le nouveau film de François Ozon a fait l'ouverture de la compétition du festival. Philippe Rombi retrouve son fidèle cinéaste avec lequel il prolonge son style, mêlant cordes et piano, avec une forte thématique, et un certain climat. Sa musique n'est pas très fréquente mais instaure une identité et une cohérence au parcours tracé de la jeune fille. Quatre chansons de Françoise Hardy séquencent le film en chapitres. Le réalisateur affirme : "Ce que j'aime particulièrement dans ses chansons, c'est qu'elle retranscrit l'essence de l'amour adolescent : un amour malheureux, de désillusion romantique..."
JIMMY PICARD, UN INDIEN DES PLAINES
Le compositeur canadien Howard Shore retrouve le français Arnaud Desplechin après ESTHER KAHN pour ce western psychanalytique, avec une partition aux amples cordes, des passages lugubres et atonaux, et des envolées lyriques. Malgré que le film soit très bavard (incessants échanges entre le psychiatre Mathieu Amalric et l'indien Benicio Del Toro), la musique a une grande place et apporte le souffle du romanesque à un récit plutôt statique.
Le compositeur hollandais Vincent Van Warmerdam retrouve son frère Alex Van Warmerdam pour la cinquième fois avec une partition rare (le silence domine dans ce cinéma d'atmosphère et pince-sans-rire) mais aux cordes abruptes qui se remarquent comme un couperet.
Le compositeur Lele Marchitelli travaille pour la première fois avec le cinéaste italien Paolo Sorrentino. La BO se partage entre la musique originale (un thème repris plusieurs fois, surtout dans la dernière partie du film, asséné jusqu'à l'épuisement) et une musique de répertoire : de la musique sacrée (pour les séquences situées dans un couvent) et de la musique techno (pour les séquences de clubbing - notamment un prologue sans dialogues où les personnages dansent et s'agitent sur une musique techno). Cette BO manque de cohérence, part un peu dans tous les sens, avec l'apparition d'un thème en fin de film sans en l'avoir esquissé au départ.
BO disponible - Film sorti le 22 mai
Steven Soderbergh réalise un biopic sur le pianiste Liberace joué par l'incroyable Michael Douglas. Le jazzman Marvin Hamlisch s'est chargé de l'adaptation musicale, peu de temps avant de mourir en août 2012. Des passages chantés rappellent les grandes comédies musicales d'Hollywood. Le jazz de Liberace devient une musique de film à part entière, accompagnant les actions du film, sans distinction avec les instants de concert. Soderbergh surprend par la facture classique du traitement, au service de son sujet et de ses personnages, et une interprétation mémorable (la palme ?).
Brian Reitzell, percussionniste, collaborateur du groupe AIR, retrouve Sofa Coppola après avoir assuré la supervision musicale de ses précédents films. La BO est énergique, accompagne le gang de Bling Ring en action (ces jeunes filles qui volent des bijoux dans les maisons de stars), pour un ton de comédie, rythmé et sensuel, abordant avec ironie la célébrité.
Sortie du film le 12 juin
Rob retrouve la réalisatrice Rebecca Zlotowski après BELLE EPINE et mêle percussions et flûte tout en invitant le saxophone de Colin Stetson. La réalisatrice affirme : "J'ai abordé la partition musicale du film de manière toujours aussi cruciale, narrative et cardiaque".
Après VALSE AVEC BACHIR (2008), Max Richter travaille à nouveau avec le cinéaste Ari Folman. La musique participe à faire le distinguo entre les deux mondes représentés dans le film avec une première partie avec un piano discret, de la guitare et des cordes... et une seconde partie plus énergique et guerrière. On y entend également Chopin et Bob Dylan.
Le compositeur chilien Adan Jodorowsky travaille pour la première fois avec son père, Alejandro Jodorowsky. Le musicien de rock s'associe au saxophoniste et flûtiste Jonathan Handelsman. Le film est complètement fou, contenant des instants chantés de comédie musicale.
Pour son premier long-métrage, le cinéaste Antonin Peretjatko convoque de très nombreuses musiques préexistantes : de la musique classique (Mozart, Liszt), contemporaine, de la musique de film ("Paranoïa" d'Ennio Morricone provient de la bande originale du CHAT A NEUFS QUEUES de Dario Argento), du jazz...
Verity Susman, leader du groupe de rock anglais Electrelane, travaille pour la première fois avec Katell Quillévéré. On observe des récurrences, des effets de boucles, notamment la piste "Gabriel", qui est associé au sentiment amoureux de Suzanne pour Julien, ou encore la piste "Comme On" qui forme comme une sorte de parenthèse dans la vie chaotique de la jeune femme. Tout au long du film on entend aussi quelques titres pop ou rock de décennies différentes (le film se déroule sur 25 ans, de 1980 à 2005 environ).
Katell Quillévéré : "Je tenais à ce que le film ait un son rock années 90-2000, qui raconte quelque chose de l'adolescence de Suzanne et de cette génération qui fut la mienne. J'ai utilisé les chansons existantes d'Electrelane, un groupe de rock anglais de filles que j'adore et j'ai également demandé à Verity Susman, qui en était la leadeuse, de composer."
Le compositeur Serge Nakaushi Pelletier écrit une musique pour le deuxième long-métrage du réalisateur canadien Sébastien Pilote à base d'une guitare folk westernienne et chante en générique de fin une ballade.
Anthony Gonzalez, membre du groupe électro français M83 retrouve son frère, Yann Gonzalez, après ses court-métrages pour le premier long-métrage du réalisateur.
Yann Gonzalez : "La musique appartient à mon cinéma de façon organique... Je me suis adonné encore une fois au mélange des genres, entre le krautrock des années 1970 - avec la flûte un poil cheesy du groupe Jane qui a inspiré l'un des thèmes du film - et, par exemple, les expérimentations électroniques de François de Roubaix. Les compositions de M83 font cohabiter des territoires plutôt hétérogènes."
Interview B.O : Audrey Ismaël (Le Royaume, de Julien Colonna)
Interview B.O : Audrey Ismaël (Diamant brut, de Agathe Riedinger)