nos-heros-sont-morts-soir,gester,@, - Julien Gester et Olivier Gonord, musiciens du ciné-concert du Festival de Brive 2014 (@festcinemabrive) Julien Gester et Olivier Gonord, musiciens du ciné-concert du Festival de Brive 2014 (@festcinemabrive)

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- Publié le 11-05-2014




Julien Gester, journaliste, musicien et compositeur, forme le groupe Collateral avec Olivier Gonord avec lequel il conçoit des musiques de films (LE BEL AGE de Laurent Perreau, NOS HEROS SONT MORTS CE SOIR de David Perrault). Au Festival de Brive, le tandem a accompagné trois films expérimentaux.

Cette interview résulte d'une table ronde qui s'est tenue au Festival de Brive 2014. 
 Voir notre page dédiée au festival - Brive 2014 en 5 interviews

 

Interview express Julien Gester et Olivier Gonord

Photo : Julien Gester au micro avec Olivier Gonord à sa droite

Cinezik : Julien, en tant que journaliste cinéma, quel est votre rapport à la musique de film ?

Julien Gester : Je suis spectateur comme tout le monde, mais je n'ai pas une passion pour la musique de film. C'est en tant que musicien, après une collaboration de dix ans avec Olivier, qu'à un moment s'est présentée l'idée de faire de la musique pour des images dans le cadre de commandes. La musique de film nourrit l'oeuvre de quelqu'un d'autre, elle pousse à faire des choses vers lesquelles on ne serait pas aller de nous-mêmes. A l'inverse, la musique de film nourrit aussi notre pratique musicale.

Comment envisagez-vous la collaboration avec un réalisateur ?

J.G : On essaie autant que possible d'intervenir très tôt dans le processus de collaboration avec les réalisateurs pour leur éviter de monter leur film avec des musiques provisoires qui leur resteront dans l'oreille.

Comment avez-vous conçu votre musique pour NOS HEROS SONT MORTS CE SOIR, premier film de David Perrault (Semaine de la critique 2013) ?

Olivier Gonord : Formant avec Julien un groupe constitué pour la scène (Collatéral), on a conçu la musique du film en passant par le jeu, par la recherche d'une matière sonore, par l'expérimentation.

J.G : La musique que l'on fait avec le groupe et pour les disques est tournée vers la scène, elle est conçue pour être jouée. La musique de film, au-delà du processus de commande, nous apporte le fait de faire de la musique de studio. La musique du film n'est pas destinée à être jouée, donc cela nous permet de nous libérer complètement. On peut par exemple utiliser cinq guitares différentes sur le même morceau.

A quel moment intervenez-vous ?

J.G : On arrive souvent avant le montage. On cherche déjà en amont la couleur et l'identité sonore du film que l'on va décliner ensuite selon les scènes.

Comment votre musique se situe par rapport aux musiques préexistantes présentes également dans le film ?

O.G : La musique préexistante dans NOS HEROS SONT MORTS CE SOIR a un rôle précis, celui d'inscrire le film dans son époque. A contrario, on ne devait pas avec notre musique pasticher les années 60, mais amener le film vers autre chose, apporter un contrepoint aux morceaux existants.

Avez-vous des références pour l'inspiration de vos musiques de films ?

J.G : La référence est surtout en terme de placement. Par exemple, sur un de nos films, on avait comme référence "Le Privé" de Robert Altman (musique de John Williams) dans lequel la musique est un thème qui revient orchestré différemment selon la situation (dans l'auto-radio, le supermarché, des sonnette de porte, etc). L'usage de cette musique nous a aidé à trouver une solution. En terme d'écriture, nos références sont plutôt en dehors du champs de la musique de film, elles sont dans l'expérimental ou la pop.

Venons-en au Ciné-concert que vous avez donné au Festival de Brive. Quels ont été les choix entrepris ?

J.G : L'idée était d'éviter l'automatisme des ciné-concerts d'aller vers les films muets des années 20. Mais en même temps on avait le souci de maintenir l'intégrité des films (eviter de couper un travail sonore déjà conçu). Ainsi, il nous fallait des films sans bandes son, ou du moins sans musiques ni dialogues, pour ne pas entraver la compréhension des films. On s'est alors tourné vers le cinéma expérimental. Le premier des trois films est muet, les autres sont sonores mais n'ont pas de paroles, ni de musiques. On a travaillé dans un dialogue avec les sons, comme on l'aurait fait sur une musique de film, à la différence qu'ici c'est un processus "live", à quatre mains, donc on devait choisir des sons minimalistes.

Contrairement à une collaboration avec un réalisateur, était-il appréciable d'avoir sur ce ciné-concert une totale carte blanche ?

O.G : Le processus de dialogue dans le cadre de l'écriture d'un film est quelque chose que je trouve également enrichissant, dans le fait de parvenir à trouver un langage commun avec le réalisateur.

Propos recueillis à Brive en avril 2014 par Benoit Basirico
Dans le cadre d'une table ronde au Festival du Moyen Métrage de Brive.

 


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