Cinezik : Comment êtes-vous intervenu sur MARIANA ?
Grégoire Auger : Marcela Saïd ne voulait pas de musique au départ dans son film. Elle a senti ce besoin petit à petit. Il y a eu des theme-tracks (musiques temporaires) placés au départ. A part pour certains moments, je suis quand même resté sur ce canevas là. Puisque je suis arrivé à la toute fin, il y avait des choses déjà déterminées.
Quelle a été votre intention musicale ?
G.A : L'idée de départ était d'essayer de faire parler ces chiens. Je me suis servi d'instruments comme le Cristal Baschet ou l'Harmonium pour faire comme des jappements, avec aussi des violons qui se tordent. C'était un travail sur la globalité. Je voulais signifier l'ensemble, avec une atmosphère un peu inquiétante. On sent que quelque chose plane. Je voulais cette couleur un peu bord-cadre, qu'on sente que ce n'est pas tout blanc. Le film est assez solaire à travers cette héroïne qui se bat envers et contre tous. Elle est vivante, pleine d'énergie, solaire. Elle est dans la lumière. L'idée était d'apporter dans la musique un decorum un peu plus sombre et tendu.
Quelle est la part de numérique et d'acoustique ?
G.A : J'ai tout fait par mes soins en programmation, car on n'a pas eu le temps d'enregistrer quoi que ce soit. J'ai ainsi utilisé le son d'un quatuor, densifié par les notes bizarres du Cristal Baschet et de l'Harmonium. Mais également, je fais de la guitare, c'est mon instrument de base, donc je suis parti sur des pistes guitaristiques, qui ne soient pas forcément sud-américaines, mais un mélange entre du flamenco et la BO de Howard Shore "Crash".
Cette partition apporte dans le film un véritable "hors-champs" sonore...
G.A : J'aime les musiques qui amènent le spectateur un peu ailleurs, sans dénaturer la narration du film, sans qu'il y ait de fausses pistes, mais j'aime suggérer d'autres choses, dessiner des personnages, de montrer ce qu'il n'y a pas forcément dans le scénario. Sans être pour autant dans la singularité à tout prix, puisque ce n'est pas utile non plus, mais juste chercher un peu ailleurs.
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