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Wayô Records, premier label français spécialisé Japon, entièrement dédié aux musiques de jeu vidéo, cinéma et animation. Voici l'Interview de l'équipe !
Twitter : @wayorecords
Kenji Kawai en France à la rencontre de son public, à Paris le 30 novembre 2017 et à Lyon les 2 et 3 décembre • 30 novembre, 2 et 3 décembre 2017
Game Music is live ! - La Musique de Jeu en Concert Symphonique • (Concert annulé)
Cinezik : Comment est venue l'idée de monter un label français autour des musiques de jeux vidéo, principalement japonaises ? Comment avez-vous concrétisé ce projet et avec qui ?
Wayô Records est actuellement constitué de quatre membres, nous nous sommes tous connus sur un forum français de passionnés de musique de jeu vidéo. Depuis près de dix ans, nous travaillons dans l'événementiel japonais, le journalisme, la musique ou encore le jeu vidéo. Naturellement, nous avons fini par nous rapprocher des compositeurs que nous aimions et nous sommes même devenus amis avec certains d'entre eux. Il n'y a pas eu d'idée à proprement parler, mais une évidence qui s'est un jour présentée à nous : à force d'attendre en vain des événements de musique de jeu en France tout en fréquentant le milieu, nous avons fini par nous dire "et si nous le faisions nous-mêmes ?". Wayô était ce qui nous manquait en tant que fans !
Vous avez pour l'instant organisé un concert du compositeur japonais Masashi Hamauzu et de sa chanteuse Mina, et vous annoncez pour début 2012 un concert de Michiru Ôshima à Paris : pourquoi ces choix d'artistes ?
Dans le cas de Masashi Hamauzu, c'est lui qui nous a contacté pour savoir s'il était possible de créer un événement en France. C'est donc parce que nous connaissons les artistes à titre personnel que ces opportunités se présentent. Ce ne sont pas du tout des choix stratégiques pour assurer notre succès, mais des collaborations naturelles. Parfois, certains compositeurs ont des idées à nous proposer ; d'autres fois, nous allons vers eux avec un projet, en leur expliquant que nous voulons mettre en avant leur musique et leur nom. C'est le cas du concert de Michiru Ôshima.
Votre activité tourne principalement autour de l'événementiel jusqu'à présent, mais vous vous présentez comme un label : doit-on espérer prochainement l'annonce de la parution de musiques en CD et/ou en numérique ?
L'idée de Wayô a germé au Japon, là où naissent les jeux et leurs musiques, sur CD la plupart du temps. Nos démarches ont donc naturellement commencé dans l'optique d'éditer de la musique, peu importe le format. Mais comme préparer une sortie CD demande beaucoup de temps et de réflexion, les premiers projets que nous avons concrétisés sont des concerts ! Mais nous avons toujours des projets d'édition en préparation. D'ailleurs, le tout premier projet de Wayô, que nous avions imaginé avant même l'organisation du concert de Hamauzu, est toujours en cours et il s'agit bel et bien d'un disque. Mais c'est encore confidentiel !
Quels vont être vos choix éditoriaux ? Un genre ou compositeur de prédilection ? Envisagez-vous des collections ?
En japonais, le mot « Wayô » est composé de deux caractères symbolisant le rapprochement entre le Japon et l'Occident. Notre volonté est vraiment de travailler avec les compositeurs, arrangeurs et/ou musiciens de ces deux univers, de créer des liens, des rapprochements inédits pour proposer une expérience nouvelle aux fans et pour surprendre les autres. De ce fait, nous n'avons pas de genre ou de compositeur de prédilection, même si actuellement nous débutons avec un univers très « classique ». Quant aux collections, je crois qu'il est bien trop tôt pour nous d'y penser !
Parlez-nous de vos coups de cœur dans le domaine de la BO de jeu vidéo japonaise : si vous deviez citer cinq incontournables ?
Il existe tellement d'albums de grande qualité que citer seulement cinq est un vrai dilemme ! Même dans l'équipe, nous ne pourrions pas nous mettre d'accord car nous avons tous des préférences. Après concertation, nous vous invitons cela dit à vous diriger vers les références que sont Dragon Quest, Final Fantasy et Kingdom Hearts, autant les bandes originales que les albums symphoniques ou piano. Cela dit, notre passion pour la musique de jeu nous a permis de découvrir des perles moins connues, telles que "Kirite", un superbe album solo de Yasunori Mitsuda, l'album orchestré d'Actraiser, ou encore l'album de reprises de Grandia "Vent" par Noriyuki Iwadare. Ce sont avant tout des albums arrangés, comme vous pouvez le constater, mais ils ont tous une couleur particulière qui nous inspire beaucoup dans la création de nos événements.
Si vous avez également des compositeurs favoris, pourriez-vous nous dire lesquels et pourquoi vous les appréciez ?
Là encore, la réponse est difficile, car nous apprécions de nombreux compositeurs ! Naturellement, nous aimons tous beaucoup Nobuo Uematsu pour les univers musicaux très riches qu'il a réussi à créer au fil des ans, Yasunori Mitsuda pour le soin rare qu'il apporte à ses compositions, Masashi Hamauzu pour l'originalité qui compose son style, Noriyuki Iwadare pour la diversité de ses approches... Le monde de la musique de jeu japonaise compte aussi beaucoup de compositeurs encore peu connus mais que nous espérons mettre en avant dans nos futurs projets ! Vous aurez compris que nous avons un tropisme pour le Japon, mais nous nous intéressons aussi beaucoup aux compositeurs occidentaux, conformément au concept de Wayô. Vous aurez l'occasion de découvrir plus tard comment nous comptons faire se rejoindre ces deux univers.
Quel rapport spécial existe-il, selon vous, entre le joueur, la musique et le support du jeu vidéo ? En gros, pourquoi et surtout "comment" appréciez-vous cette musique ? Quelle différence avec le cinéma, par exemple ?
Nous ne pensons pas que la musique de film et la musique de jeu vidéo soient vraiment différentes, en tout cas pas au niveau de leurs thématiques. Pour nous, ce sont avant tout des « musiques d'image ». Certaines débordent d'émotion, d'autres sont simplement illustratives. Le jeu vidéo a cela de différent qu'il comporte surtout des musiques qui tournent en boucle et qui, dans certains cas, sont interactives. Autrement dit, elles sont conçues pour se « régler » sur les actions du joueur ou sur ce qu'il se passe à l'écran. Certains créateurs ont néanmoins réussi à jouer avec les règles habituelles pour surprendre le joueur. Par exemple, dans le premier ALONE IN THE DARK, le thème de combat se lançait parfois au milieu de couloirs vides ! Dans le même genre, il y a la musique de Mario, qui s'accélère quand le temps imparti touche à sa fin. Elle pousse le joueur au risque et souvent à l'erreur !
Mais cette qualité interactive n'est pas la condition essentielle à l'appréciation d'une musique de jeu. Pour nous, le plus important est que les compositeurs sont de vrais compositeurs, chacun possédant son propre style et sa propre sensibilité. C'est la raison pour laquelle il est tout à fait normal selon nous de suivre fidèlement la carrière d'un compositeur de jeu, quand on adhère à son univers musical ! Comme la musique de jeu a sa propre histoire et comme les compositeurs se connaissent presque tous, ils ont créé une sorte d'univers musical qui existe au-delà des jeux. C'est la raison pour laquelle nous pensons que, comme pour la musique de film, les meilleures œuvres peuvent se savourer sans les images !
Les Japonais ont cela de particulier qu'ils s'inspirent de musiques venues du monde entier et qu'ils les revisitent à leur manière, au point même de les enrichir. Yasunori Mitsuda, par exemple, a réussi à créer son propre style en mélangeant des influences de jazz ou de musiques celtiques et asiatiques. C'est parce que sa musique a une vocation universelle qu'elle nous « parle » autant. Quand on pense qu'au Japon, l'un des morceaux de Final Fantasy IV est entré dans les programmes de musique à l'école et que les bandes originales de jeux se trouvent facilement chez tous les disquaires, on se dit que la musique de jeu vidéo est vraiment entrée dans leur culture. En France, la relation à la musique de jeu reste encore bien frileuse...
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