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L'emplacement de la musique implique de savoir ménager sa présence dans une bonne gestion du silence pour un résultat équilibré. Le compositeur l'intègre à sa partition pour la faire respirer ou pour entrer en correspondance avec des moments clefs du film. Sa présence est aussi nécessaire pour mettre en valeur les notes, leur donner du relief. Sans ces pauses auditives, la musique n'existerait pas.
Ouvrage : La musique de film, compositeurs et réalisateurs au travail
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Philippe Sarde: «Je suis également responsable des silences dans les films. Par moment, le réalisateur prévoit de la musique mais je la retire quand elle n’est pas nécessaire, quand elle sur-joue».
Laurent Perez Del Mar (La Tortue rouge de Michael Dudok de Wit, 2016), «il est très important de trouver le bon rythme narratif dans la musique, ce qui passe souvent par le respect du silence ».
Parfois, le but recherché est de rendre la musique inopérante, en instaurant un tapis sonore continu de confort. Cet emploi cher au modèle hollywoodien est alors motivé par la peur du vide, ce que déplore Cédric Klapisch: «C’est la mode américaine de mettre de la musique de la première à la dernière image. Nous n’aimons pas ça avec Loik Dury qui me suggère parfois de ne pas en mettre. Le silence a un vrai fonction dans un film. La musique est d’ailleurs d’autant plus efficace quand elle est mesurée».
Le silence peut enfin être justifié par des enjeux narratifs qui proscrivent la présence musicale. Sans un bruit (de John Krasinski, 2018) est à ce propos un contre-exemple américain qui donne lieu à une véritable expérience inédite. Une famille est menacée par des créatures qui tuent au moindre son émis. Le suspens repose alors sur le silence, et celui-ci n’est pas minimisé par une musique pour une meilleure efficacité (pour certaines scènes d’attente et d’attaque). Marco Beltrami a néanmoins écrit une partition pour d’autres séquences, plus émotionnelles, liées à la perte du fils. La question du placement est quasiment érigée ici en geste théorique, comme dans la scène d’ouverture sans paroles d’Il était une fois dans l’Ouest (de Sergio Leone, 1968), jouant sur la quiétude des protagonistes aux aguets, dont l’un est dérangé par le tic-tac du télégraphe puis par une mouche qui vient l’importuner. Le silence s’imposait. Ennio Morricone n’intervient alors qu’au bout de 15 minutes, en commençant par le son d’un harmonica.
La fonction du silence peut être de signifier un vide, une absence, une disparition, là où la musique fait battre le coeur d'un personnage en lui attribuant une vitalité.
Extrait de cet ouvrage :
LA MUSIQUE DE FILM, COMPOSITEURS ET RÉALISATEURS AU TRAVAIL
(Benoit Basirico, Hémisphères Editions)
Interview B.O : Audrey Ismaël (Le Royaume, de Julien Colonna)
Interview B.O : Audrey Ismaël (Diamant brut, de Agathe Riedinger)